La nue du fond
Odile Massé sait que nous sommes anthropophages ?
Surtout lorsqu'il s'agit de la Princesse aux petits pois par exemple : ah ! comme elle est délicate, toute nue dans son lit, vêtue de sa belle peau immaculée : comment ne pas vouloir la manger la petite oie blanche, la manger et la souiller sans doute « même si ça ne se fait pas ». Mais dans le monde d'Odile Massé , dans le monde tout court, semble-t-elle nous dire, il se trouve que cela se fait.
C'est de ce monde primaire, comme l'on désigne une forêt intacte, que la voix de la narratrice parvient jusqu'à nous :
Monde du rêve au fond du fond duquel elle est descendue :
Mais attention, monde du vrai rêve, tissé de sueur, de cris, de draps froissés par l'anxiété, empesés par la menace interminable : tel est notre obscur Palais où sujets, rois et reines, généraux et cavaliers s'excitent mutuellement en vain pour continuer à ne pas mourir.