Les Thaïlandais
Terre de paradoxes assumés, la Thaïlande, " pays du sourire ", se rit des contradictions qui la fondent comme elle se joue des contrastes qui l'habillent.
Tout voyageur est frappé, lors de son arrivée au royaume de Thaïlande, de constater l'apparente liberté dont jouissent les Thaïlandais - pourtant sous le joug d'une dictature militaire. Les coups d'Etat ici se produisent sans violence ; l'autoritarisme y serait-il plus doux qu'ailleurs ? Dostoïevski disait qu'une société devait être jugée à l'aune de ses prisons : les prisons thaïlandaises regorgent de prisonniers de conscience, victimes de la terrible loi de lèse-majesté, l'une des plus sévères au monde. Derrière son vernis pastel de carte postale et la bonhomie légendaire de ses 67 millions d'habitants se découvre la réalité de la misère, des bordels, de la drogue et de la corruption.
Autour de Bangkok la mégalopole qui se dresse, folle, en écrans géants et en super-centres commerciaux, la Thaïlande rurale continue à cultiver, le dos courbé sous un soleil de plomb, ses rizières en escalier. Ces deux Thaïlande qui se font face, l'une rurale, l'autre urbaine, l'une forcée à une économie de subsistance, l'autre ultra-consumériste, l'une à la peau tannée par les rayons du jour, l'autre d'une blancheur poudrée, n'en sont pas moins unies par un impétueux sentiment national. La khwampenthai (" Thainess "), puissant ciment idéologique, définit les contours de l'identité nationale grâce au motto " Nation, Religion, Monarchie ".