Henri IV
Cette nouvelle biographie du plus populaire des rois de France, qui met à profit les avancées les plus récentes de la recherche, fait une large part à la marche au pouvoir (une bonne trentaine d’années…) et s’attache à connaître l’homme avec certes des faiblesses (les femmes, le jeu…) mais aussi et surtout avec des dons et des atouts éclatants (charisme personnel, culture humaniste, habileté voire ruse politique). Les réussites de son règne sont toutes issues de ces incroyables coups d’audace qu’ont été coup sur coup, en deux mois, en 1598, aboutissement de vingt ans d’effort, l’édit de Nantes et la paix des armes au‑dedans et au-dehors. Henri IV, né en 1553, était encore enfant lorsque les premiers protestants furent assassinés et c’est dans la force de l’âge, quarante ans plus tard, qu’il allait rétablir la concorde, permettre au royaume de revivre. Sa vie entière aura donc été dédiée à dénouer l’écheveau des haines politico-religieuses, un destin dont il sera l’acteur et le martyr en 1610. « Seul de nos monarques dont le peuple ait gardé la mémoire » (Michelet), guerrier intrépide, doué d’un sens politique rare, orateur d’exception, aussi à l’aise dans la cabane d’un bûcheron que devant une assemblée houleuse, il est ce que nous appellerions de nos jours un « as en communication ». Ce sont ces aptitudes qui lui permettront, après la pacification, d’engager la monarchie vers l’absolutisme, autrement dit vers la toute-puissance royale et du coup vers le rayonnement français sur l’Europe. La clef du succès providentiel d’Henri IV réside enfin dans sa propension, fort rare en son temps, à la miséricorde et au refus de la vengeance. Il est l’homme qui pardonne. Profondément croyant mais animé depuis l’enfance de l’idée qu’on peut se sauver dans une religion comme dans l’autre, il pulvérise le mobile même du conflit et panse les plaies.