Vénus s'en va
"Claude n'est pas l'idiot de la famille, l'idiot auguste, mais le rêveur impérial." La tradition historique a fait de l'empereur romain Claude une figure terne, méprisée : l'idiot de la famille des Auguste. En revisitant le récit de sa vie, Damien Aubel redonne à ce personnage, successeur de Caligula, père adoptif de Néron, époux de Messaline, un souffle singulier, une ampleur inédite. Tandis qu'autour de lui s'agitent les prétendants au pouvoir et aux charmes de Messaline, que se succèdent les complots de palais ourdis par l'impératrice elle-même et par Narcisse, l'affranchi eunuque qui lui sert de conseiller, Claude poursuit son propre rêve, plus mystique que politique : celui de s'unir à Vénus, la déesse en qui s'incarne l'absolu féminin. Du mont Palatin aux bas-fonds de la ville, des jardins de Lucullus aux lupanars les plus sordides, ce roman aussi virtuose qu'érudit nous fait plonger dans l'ambiance trouble de la Rome antique. D'une écriture intense, joueuse et baroque, il nous offre aussi une étourdissante fête du langage, un écho contemporain à l'Héliogabale d'Antonin Artaud ou à la Messaline d'Alfred Jarry. Sous la plume de Damien Aubel, les visions et les métamorphoses secrètes de Claude, le rêveur impérial, dessinent une quête charnelle et spirituelle où s'exprime la quintessence de l'éros romain.