Le Eminences grises
Dans le théâtre politique, le rôle d'éminence grise est l'un des plus convoités: c'est le conseiller caché du prince. Ce rôle fut créé par un grand acteur, Richelieu, pour un autre grand acteur, le Père Joseph: «éminence», parce que Richelieu avait demandé pour son ami le chapeau de cardinal; «grise?, car c'était la couleur de la robe de capucin que portait ce dernier.
L'expression franchit les frontières. Elle est appliquée en Allemagne au baron Holstein qui, à Berlin, fait et défait les chanceliers sous Guillaume II. Au temps de Roosevelt, elle est reprise, aux États-Unis pour Harry Hopkins, également surnommé «le Raspoutine de la Maison Blanche».
En France, au XXe siècle, le Père Joseph renaît sous les traits de Jacques Foccart, au coeur du premier cercle gaullien puis de François de Grossouvre, dans l'entourage de François Mitterrand.
D'autres personnalités marquantes, qui s'étaient illustrées, parfois, loin de la politique, ont contribué à infléchir le cours de l'Histoire, de Beaumarchais, qui apporta le soutien de la cour de France aux insurgés américains, à Jean Monnet le Père de l'Europe moderne.
À travers seize portraits inoubliables, Charles Zorgbibe nous révèle - ou nous rappelle - l'action secrète de ces hommes de l'ombre qui ont, pour une part souvent déterminante, façonné le monde où nous vivons.