Bertrand Blier, cruelle beauté
C’est l’histoire d’un malentendu. Dès Les Valseuses, en 1974, Bertrand Blier suscite des réactions violentes ; une partie de la critique encense le film, l’autre s’enflamme, allant jusqu’à le qualifier d’« authentiquement nazi ». C’est aussi l’histoire d’un
auteur, d’un franc-tireur qui, film après film, se fait un devoir de ne jamais aller là où on l’attend, mais témoigne toujours d’une vision du monde personnelle, singulière, teintée de misanthropie. C’est surtout une page de l’histoire du cinéma français, écrite par un découvreur de talents, un artiste qui a toujours tracé sa route à sa manière, qu’importent les réactions qu’il a pu susciter. C’est enfin l’histoire d’un monde qui change, d’un pays où l’on voit surgir des concepts anglo-saxons (female glaze, test de Bechdel), d’une pensée qui cède souvent à un manichéisme ravageur, et d’un cinéaste qu’il était grand temps de réhabiliter.
Sans jamais sombrer dans l’hagiographie, le critique de cinéma Vincent Roussel livre une dense et vaste monographie où il analyse, film après film, l’oeuvre de Bertrand Blier, son accueil public et critique, et rappelle sa cruelle beauté.