Laideur et libertinage au XVIIIe siècle
La laideur dans les arts pose des questions complexes aux théoriciens des XVIIe et XVIIIe siècles, souvent adeptes du principe aristotélicien qui en prône le rachat par la mimésis. Les romanciers y consacrent une moindre attention. Faisant l’objet de descriptions conventionnelles, la laideur du corps est souvent associée à la laideur morale, dont elle constitue le corollaire physique. Cependant, il existe des enclaves narratives qui témoignent d'une utilisation originale et désinhibée de la laideur que cet essai se propose d’illustrer par des exemples tirés du roman libertin. En subvertissant les valeurs consacrées, en persiflant les nobles, les courtisanes et les moines, en mettant à l’épreuve le désir même du lecteur, la laideur saisie au cœur de l'éros forge une clé de lecture ultérieure pour comprendre la marche de la raison au siècle des Lumières.
Francesco Paolo Alexandre Madonia, officier de l'Ordre des Palmes académiques, est professeur de littérature française à l’université de Palerme. Il est l’auteur d’ouvrages et d’articles sur l’esthétique française et italienne du XVIIIe siècle, le roman libertin, la littérature moderne et contemporaine, la politique linguistique française.