Darquier de Pellepoix et l'antisémitisme français
Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux Questions juives de 1942 à 1944, occupe dans les mémoires une place peu enviable : « personnage le plus hideux du Paris de l'Occupation » (Patrick Modiano), incarnation du collaborateur et de l'antisémite sans scrupules.
Il s'exile en Espagne à la Libération avant d'être condamné à mort par contumace en 1947. En 1978, il suscite une intense polémique en déclarant à un journaliste de L'Express : « Je vais vous dire, moi, ce qui s'est exactement passé à Auschwitz. On a gazé. Oui, c'est vrai. Mais on a gazé les poux. » Conseiller municipal de Paris proche de l'Action française, Darquier de Pellepoix se lance dans la carrière antisémite après la victoire du Front populaire aux élections de 1936. Agitateur opportuniste et violent, il crée le premier groupement (le Rassemblement anti-juif de France) exclusivement antisémite depuis l'affaire Dreyfus. Imposé par les Allemands à la tête du Commissariat général aux Questions juives, il intensifie la propagande antisémite, prend part à l'organisation de la rafle du Vel' d'Hiv' et tente de radicaliser la législation contre les juifs. Il est finalement démis de ses fonctions en février 1944 dans une atmosphère de scandale et de corruption. Darquier de Pellepoix est moins connu pour son action que pour ce qu'il symbolise : la haine du juif, le collaborationnisme, le négationnisme. Laurent Joly lui redonne sa dimension historique et s'interroge, au fil de son enquête, sur la notion de fascisme français.