Avis sur le livre : Vairon
Paris, 1909. Zulma arrive des Pyrénées avec son bébé, Victor – comme l’homme qu’elle rencontre dans l’arrière-salle d’un bar et qui lui offre un toit et son amour. Victor – « l’autre, le grand » – est anarchiste. Zulma, elle, a faim. L’anarchie ou autre chose, tant qu’on lui remplit son assiette, ça lui va. Un banquet révolutionnaire en vaut bien un autre et, en même temps que le reste, Zulma se nourrit à droite et à gauche des secrets du plaisir féminin ou du rêve d’une vie collective chez les suffragettes. Drôle de livre, scandé par la pulsion de dévoration de la mère comme de l’enfant qui partout se nourrissent sans avoir l’air d’y toucher, où l’anarchie est peinte au rythme des tétées… Hélène Zimmer recompose dans Vairon, son deuxième roman, une époque rêveuse et effervescente dont elle s’ingénie à conserver le tumulte. Un texte chaotique où l’éclatement des phrases rencontre les bombes des anarchistes car, à en croire ces « presque rien », c’est là, dans le désordre et la désintégration, que réside le secret de la création.
Zoé Courtois, Le Monde des Livres