Avis sur le livre : Revenir à Palerme
Comment en finir avec le souvenir ? Huit ans après y avoir connu une inoubliable romance avec Délia, le narrateur tente un retour en Sicile, à Palerme, pour en exorciser la nostalgie. Il hante les palais abandonnés où demeurent, assoupies, les reliques de cette passion défunte, les criques solitaires où l’hédonisme est le seul maître, mais aussi les cafés, où l’ivresse de la nuit et le désordre des corps désamorcent la solitude sans bannir les souvenirs puisque, de l’arrière-salle, s’échappent les échos cinématographiques d’une même douleur. Rencontrer Elizabeth ne conjure rien. « Malgré la nuit, les fêtes, l’enivrement, rien n’assomme l’élan de la mémoire », se désole le narrateur, qui analyse son échec : « J’effleure les choses au lieu de me donner à elles. » Il y parviendra peut-être mais, pour ce quatrième roman, Sébastien Berlendis, découvert avec Une dernière fois la nuit (Stock, 2013), tient sa ligne de conduite. Tissant autour de la mélancolie une rêverie aussi douce que profonde, il crée en poète un trouble contagieux dont le charme sensuel ne se dissipe pas une fois le livre fermé. Ph.-J. C.
Le Monde