Revenir à Palerme
"La nuit, chaque ruelle parcourue réveille un crépitement d'images. Le claquement des talons imprime dans ma tête le pouls de la ville". Huit ans plus tard, le temps d'un été, un homme retrouve la ville de Palerme. Il habite un ancien palais sur les hauteurs, une bâtisse appelée à disparaître. Une dernière fois, il va arpenter les rues, celles de la vieille ville surtout. Des marches le plus souvent nocturnes, de cafés en cafés, de corps en corps.
Le souvenir de Délia remonte alors.
La presse en parle
Comment en finir avec le souvenir ? Huit ans après y avoir connu une inoubliable romance avec Délia, le narrateur tente un retour en Sicile, à Palerme, pour en exorciser la nostalgie. Il hante les palais abandonnés où demeurent, assoupies, les reliques de cette passion défunte, les criques solitaires où l’hédonisme est le seul maître, mais aussi les cafés, où l’ivresse de la nuit et le désordre des corps désamorcent la solitude sans bannir les souvenirs puisque, de l’arrière-salle, s’échappent les échos cinématographiques d’une même douleur. Rencontrer Elizabeth ne conjure rien. « Malgré la nuit, les fêtes, l’enivrement, rien n’assomme l’élan de la mémoire », se désole le narrateur, qui analyse son échec : « J’effleure les choses au lieu de me donner à elles. » Il y parviendra peut-être mais, pour ce quatrième roman, Sébastien Berlendis, découvert avec Une dernière fois la nuit (Stock, 2013), tient sa ligne de conduite. Tissant autour de la mélancolie une rêverie aussi douce que profonde, il crée en poète un trouble contagieux dont le charme sensuel ne se dissipe pas une fois le livre fermé. Ph.-J. C.
Le Monde