La Plus Précieuse des marchandises - Un conte
Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron. Non non non non, rassurez-vous, ce n'est pas Le Petit Poucet ! Pas du tout. Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir ? Allons...
Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand froid. Surtout en hiver. En été une chaleur accablante s'abattait sur ce bois et chassait le grand froid. La faim, elle, par contre, était constante, surtout en ces temps où sévissait, autour de ce bois, la guerre mondiale. La guerre mondiale, oui oui oui oui oui.
J.-Cl. G.
La presse en parle
L’écrivain et dramaturge est hanté par la disparition de son père, arrêté devant lui en 1942 à Paris. Dans ce conte sur la mort, la survie et l’amour, il entre dans les camps nazis.
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En lisant La Plus Précieuse des Marchandises, on entend retentir un autre « Jusqu’à quand ? », urgent et angoissé – celui qui sous-tend l’écriture du livre : jusqu’à quand cette mémoire pourra-t-elle perdurer ? Pour la maintenir, pour lutter contre l’oubli, Jean-Claude Grumberg a fait le beau pari du conte. Cette forme qui s’exhibe comme fiction mais qui s’est aussi imposée à travers les siècles comme la plus apte à se transmettre de génération en génération.
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Cette œuvre, dont la drôlerie puise dans la rage et le sens de l’absurde, est peuplée d’enfants privés de leurs parents.
Raphaëlle Leyris, Le Monde