L'Art de ne pas être trop gouverné
À la fin des années 1970, Michel Foucault a avancé le concept de " crise de gouvernementalité " pour approcher des phénomènes où la contestation de certains pouvoirs – religieux, politiques, disciplinaires... –, d'abord localisée, s'est élargie pour mettre en question un dispositif général de gouvernement, un ensemble de relations de pouvoir. Chaque fois s'y exprime quelque chose comme : " nous ne voulons plus être gouvernés ainsi ".
C'est l'une des ambitions de cet essai que de montrer la fécondité de ce concept pour éclairer des révoltes passées et présentes, pour compliquer et compléter les perspectives centrées sur la seule lutte des classes et celles qui se sont attachées à la construction de la démocratie, à la dynamique égalitaire et à l'institutionnalisation de ses formes. Il s'agit aussi de poser un diagnostic sur la crise actuelle de l'État néo-libéral, au sein duquel démocratie et libéralisme tendent à se dissocier et dont la vision de l'économie renvoie les dégâts sociaux et écologiques au rang d'externalités négatives.
Il s'agit enfin et peut-être surtout de penser " un art de ne pas être trop gouverné " qui ne serve pas d'auxiliaire involontaire aux formes de dérégulation économique et de dévastation écologique, mais s'articule à un souci ici thématisé comme celui de " l'usufruit du monde ".
Directeur de recherche au CNRS, Jean-Claude Monod enseigne à l'École normale supérieure de Paris.
La presse en parle
En plongeant dans les cours au Collège de France donnés par le philosophe Michel Foucault à la fin des années 1970, Jean-Claude Monod éclaire la « crise de la gouvernementalité » et assume un journalisme philosophique.
Nicolas Weill, Le Monde