Eau douce
Au Nigéria, dans la cosmologie igbo, lorsqu’un enfant est dans le ventre de sa mère, il est façonné par des esprits qui déterminent son destin. Mais à la naissance de la petite Ada, les portes entre le monde des humains et celui des esprits se sont temporairement ouvertes, le temps pour ces derniers de s’immiscer dans le corps de la fillette et de s’y trouver bloqués. Un pied dans le monde des vivants, un pied dans le monde des esprits, Ada va ainsi grandir envahie par un cortège de voix qui vont se disputer le contrôle de sa vie, fractionnant son être en d’innombrables personnalités.
Mais lorsque Ada quitte son berceau géographique pour faire ses études aux États-Unis, un événement traumatique d’une violence inouïe va donner naissance à un nouvel esprit, beaucoup plus puissant, beaucoup plus dangereux. Ce nouveau «moi» prend possession d’elle et se nourrit de ses désirs, de sa colère et de sa rancœur. La vie de la jeune fille prend alors une tournure de plus en plus inquiétante, où la mort semble devenir une séduisante échappatoire.
Ce premier roman à la force narrative enivrante donne à voir une version profondément originale des troubles de la personnalité. Avec une assurance rare et une énergie dévorante, Eau douce explore les abysses de l’être, pose un regard incisif sur les questions d’identité, de sexualité, de folie et d’acceptation de soi, et sonne l’émergence d’une nouvelle voix littéraire, unique et audacieuse.
La presse en parle
Entre récit d’une enfance au Nigeria, roman d’apprentissage et « campus novel » aux Etats-Unis, un premier roman singulier d’un auteur trans sur les troubles de la personnalité.
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Les esprits sont les narrateurs d’Eau douce, premier roman très remarqué aux Etats-Unis à sa parution, en 2018. Son auteur, Akwaeke Emezi, né au Nigeria en 1987 d’un père nigérian et d’une mère malaisienne, se définit comme noir, trans et non binaire, et se vit comme étant plusieurs. Dans Eau douce, qui tire une part de sa puissance et de sa singularité de sa biographie, Akwaeke Emezi fait le choix de mettre de côté la vision occidentale de la sexualité et des troubles de la personnalité au profit du regard ancestral igbo. Un peu à la manière de son compatriote Chigozie Obioma dans La Prière des oiseaux.
Gladys Marivat, Le Monde