Sugar suivi de Cœur chronique et de Petit carnet de silence
Éric Sarner, voyageur infatigable a bâti une œuvre poétique solide et dense initiée en 1971 sous la tutelle amicale de Joseph Delteil qui préface son premier recueil. Que ce soit dans Sugar, poème de la boxe où la vie défile en noir et blanc comme un combat, ou dans Cœur chronique, lexique des émotions ordinaires dont les fragments de vers et de prose saisissent l’écho au plus près du quotidien, l’écriture est sobre, directe, concrète. La poésie d'Éric Sarner a peu d’équivalents dans le champ poétique francophone contemporain. Nous avons adjoint aux deux recueils majeurs cités, le formidable Petit carnet de silence, carnet de bord de l’expérience rigoureusement vécue d’un mutisme consenti qui ouvre implicitement une vertigineuse réflexion sur notre relation organique au langage.
Né en 1943 à Alger, Éric Sarner, voyageur infatigable aujourd'hui installé à Marseille après avoir vécu à Montevideo et à Berlin, a, au coeur de ses multiples activités, documentariste et réalisateur pour les grandes chaînes de télévision, collaborateur de Libération, de l'Express et du Monde, producteur à France Culture et France Inter, bâti une oeuvre poétique solide et dense initiée en 1971 sous la tutelle amicale de Joseph Delteil qui préface son premier recueil.
Extrait
Il est son corps. Son corps même, ce fut vrai dès le début. Dans l'instant, il habite ses muscles, occupe sa densité, son poids si précisément défini (cette précision même est une nécessité obsédante). Les éclairs qu'il sent, ses yeux projetés contre l'autre homme; le jeu totalement intime de ses plantes de pieds avec le sol du ring. Tape, tape, lâche, tape, lâche ici, reprend là, tape, lâche, lâche dans l'air. Il est ce corps luisant que la foule regarde et dedans lui il y a un autre corps, mat, d'une sueur interne que nul n'imagine, une sorte de sueur de l'âme.