Notes sur le chagrin
Comment dire adieu à un être cher alors que le monde entier est frappé par une crise sanitaire, que le défunt repose au Nigeria et que ses enfants sont bloqués en Angleterre et aux États-Unis? Le père de Chimamanda Ngozi Adichie vient de mourir. Séparée de ses proches, cette dernière vit un deuil empêché et solitaire. Elle écrit alors sous la forme de courts chapitres, composés comme des soubresauts de chagrin et de rage, où l'amour et l'admiration qu'elle portait à son père explosent à chaque page.James Nwoye Adichie a traversé plusieurs époques de l'histoire du Nigeria. S'il a transmis la culture et la langue igbos à ses enfants, essentielles à l'oeuvre de l'autrice, il s'est aussi élevé contre certaines traditions de son pays. En partageant des anecdotes familiales simples et touchantes, Chimamanda Ngozi Adichie rend hommage au professeur émérite de l'université du Nigeria, mais surtout au père humble et aff ectueux qu'il était, son «dadounet originel».La perte se voit ainsi transcendée par l'amour et la transmission.
La presse en parle
Initialement paru dans The New Yorker, Notes sur le chagrin frappe par son style direct, sa sincérité, sa prose brute et sa forme spontanée qui fait se côtoyer anecdotes triviales (la passion de son père – ancien professeur de statistiques – pour le sudoku) et souvenirs terribles (l’enlèvement de ce dernier au Nigeria contre une rançon). Peu à peu, les fragments d’une phrase ou de quelques pages forment le portrait de ce père tant aimé, puis, dans un troublant jeu de miroirs, celui de l’écrivaine elle-même. Elle se revoit à travers ses yeux – elle que son père surnommait en igbo « Ome Ife Ukwu », « Celle qui fait de grandes choses ». Ainsi, elle traverse les journées sans lui. Ainsi, son père vit dans ses mots. Le pari est gagné.
Gladys Marivat, Le Monde