Rien ne t'appartient
« Elle ne se contente plus d'habiter mes rêves, cette fille. Elle pousse en moi, contre mes flancs, elle veut sortir et je sens que, bientôt, je n'aurai plus la force de la retenir tant elle me hante, tant elle est puissante. C'est elle qui envoie le garçon, c'est elle qui me fait oublier les mots, les événements, c'est elle qui me fait danser nue. » Il n'y a pas que le chagrin et la solitude qui viennent tourmenter Tara depuis la mort de son mari. En elle, quelque chose se lève et gronde comme une vague. C'est la résurgence d'une histoire qu'elle croyait étouffée, c'est la réapparition de celle qu'elle avait été, avant. Une fille avec un autre prénom, qui aimait rire et danser, qui croyait en l'éternelle enfance jusqu'à ce qu'elle soit rattrapée par les démons de son pays.
À travers le destin de Tara, Nathacha Appanah nous offre une immersion sensuelle et implacable dans un monde où il faut aller au bout de soi-même pour préserver son intégrité.
La presse en parle
La romancière mauricienne Nathacha Appanah n’a pas peur d’avoir recours aux fantômes pour exorciser une enfance mutilée par les délires de la religion et le tsunami au Sri Lanka.
Le livre s’ouvre sur la présence d’un fantôme venu du passé. La narratrice le baptise « le garçon ». Son « odeur ferreuse » envahit l’espace d’une pièce sens dessus dessous, avec des livres éparpillés, des restes de nourriture, des assiettes sales… Il est manifeste que la narratrice, avachie sur son canapé, se laisse aller et ne se lave plus. Son mari, Emmanuel, est mort il y a trois mois. Il se trouve que « le garçon » est une sorte d’émissaire de jadis. Elle va tenter de l’ignorer, en lui maintenant, en quelque sorte, la tête sous l’eau. Cette étrangeté narrative fait d’emblée vaciller – dans la prose de la Mauricienne Nathacha Appanah – toute logique rationnelle. Elle l’affranchit des codes convenus, tout en instaurant une zone d’inquiétude pertinente.
Muriel Steinmetz, L'Humanité