Philippe Henriot
Il se rêvait poète ou écrivain, admirait Flaubert et Anatole France, et chassait les papillons qu'il collectionnait avec passion... Et pourtant, de Philippe Henriot, l'Histoire retiendra qu'il a été le plus ardent et le plus célèbre propagandiste de Vichy, le « Goebbels français », comme l'avaient baptisé les dignitaires nazis.
Mais comment devient-on Philippe Henriot ? Comment le catholicisme français peut-il parfois nourrir de tels dévoiements, qui conduisent à la trahison même de son pays ? L'historien Christian Delporte retrace le parcours de celui qui, au faîte de sa carrière, était devenu bien plus que le chroniqueur incontournable de Radio-Paris, tribun insatiable exhortant chaque jour les Français à la soumission devant l'occupant. Dans un livre soigné, qui vient rompre avec les clichés, Christian Delporte retrace le parcours du troisième homme fort de Vichy en s'appuyant sur des archives inédites. Parmi celles-ci, les rapports des RG nuancent considérablement son influence sur ses compatriotes, en particulier auprès des ouvriers et des paysans. Ministre de la Propagande en 1944, Philippe Henriot mena sans répit la « guerre des ondes » contre Radio-Londres, l'antenne française mise à disposition de la Résistance par la BBC, précipitant sa mort sous les balles d'un « commando » ordonné depuis Londres...
La presse en parle
L’historien Christian Delporte retrace non sans ironie l’ascension d’un traître. Philippe Henriot (1889-1944), écrivain sans talent, entré tardivement en politique au sein de la droite catholique, est élu député de Bordeaux en 1932. Vilipendé pour ne pas avoir combattu pendant la Grande Guerre, giflé en public par un député communiste, il finit par basculer du côté de l’extrême droite antiparlementaire, xénophobe et antisémite. Munichois, il se rallie à Pétain. Devenu, grâce à Radio Paris, le maître absolu de la propagande de Vichy, Henriot, « l’homme le plus écouté de France », déclenche « une guerre des ondes » avec Radio Londres, où Pierre Dac le ridiculise. Quelques semaines plus tard, la Résistance exécute « ce marchand d’épouvante », épisode que Delporte, au terme de cette biographie menée avec brio, raconte comme un roman policier.
Le Monde des Livres