Futur : Notre avenir de A à Z
Notre civilisation va-t-elle s’effondrer ? La croissance peut-elle être durable ? Le travail va-t-il disparaître ? L’IA va-t-elle nous remplacer ? À quoi ressembleront l’art et le sexe de demain ? Serons-nous immortels ?
Par-delà collapsologie et transhumanisme, Futur apporte des réponses concrètes à toutes les grandes questions d’avenir.
Une synthèse sans équivalent et très documentée aux conclusions souvent… inattendues ! Antoine Buéno signe LE livre prospectif incontournable.
Extrait
Avant-propos
La crise du coronavirus ne laisse rien présager de bon pour l’avenir : menace sanitaire latente, récession économique, rebond des émissions de gaz à effet de serre (GES), recul des libertés individuelles... Et pourtant, elle peut aussi donner des raisons d’espérer. Pour la première fois de son histoire, l’humanité a su faire face de manière efficace et coordonnée à une pandémie mondiale. À toute autre époque, les morts se seraient comptés par millions. Cette crise a également constitué une étape supplémentaire dans la prise de conscience de « la communauté de destin de l’humanité » et prouvé que nous étions encore capables de nous mobiliser contre une menace collective, par-delà même notre intérêt économique, comme nous pourrions le faire contre la menace incomparablement plus dangereuse du réchauffement climatique. Elle nous a enfin fait entrevoir ce que pourrait être un monde plus durable, révélant l’incroyable capacité de régénération de notre écosystème. La crise du coronavirus peut donc tout autant faire craindre l’avenir que donner foi en lui. De quoi accentuer l’ambivalence qui caractérise notre rapport au futur, objet d’angoisses et d’attentes mêlées.
Cette ambivalence se retrouve aujourd’hui tout entière dans les discours prospectifs dominants. Sur la scène intellectuelle et médiatique s’affrontent en effet deux courants antagonistes : celui des « catastrophistes » et celui des « positivistes ». Pour les désigner, le journaliste Charles C. Mann invoque les figures du prophète et du magicien1. La différence fondamentale entre les deux tient à leur rapport à la technologie. Pour les catastrophistes, le monde
10 va au-devant de grandes calamités qu’aucune technologie ne nous permettra plus d’éviter. Pour les positivistes, la « ressource ultime2 », à savoir l’ingéniosité humaine, trouvera toujours des solutions pour nous en prémunir. Le prophète annonce le chaos, le magicien le progrès. Les plus extrémistes des catastrophistes sont les collapsologues, qui considèrent que l’effondrement de notre civilisation ‒ la civilisation thermo-industrielle ‒ est inéluctable. Les plus extrémistes des positivistes sont les transhumanistes, pour qui la technologie est en passe de faire de nous des dieux.
Cette opposition caricaturale n’est pas sans fondement. Notre avenir est déterminé par deux phénomènes concomitants, actuellement à l’œuvre : la crise environnementale et la révolution technologique. Par crise environnementale, je désigne principalement le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Par révolution technologique, je désigne l’ensemble des perspectives ouvertes par l’essor des nouvelles technologies – génétique, IA, virtuel, robotique, science des matériaux –, que l’on rassemble souvent sous le terme de révolution NBIC (pour Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et sciences Cognitives, ces dernières regroupant les neurosciences et les sciences de l’IA).
En fonction de la prévalence de la crise environnementale ou de la révolution technologique, notre avenir se situe quelque part entre deux scénarios extrêmes : l’effondrement et la singularité. Nul besoin, à ce stade, d’expliciter la notion d’effondrement, chacun ayant en tête des images de films catastrophe post-apocalyptiques comme Mad Max. La notion de singularité est en revanche plus nébuleuse. On peut tout de même la définir simplement : c’est l’accès de l’humanité à la divinité, soit la possibilité pour elle d’entrer dans une phase démiurgique de son histoire où elle serait immortelle et maîtresse de la nature.
Dire que notre avenir se situe entre effondrement et singularité, c’est fixer un cadre, mais ce n’est pas dire grand-chose de l’avenir. Car le champ des possibles reste infini entre les deux. La seule chose dont nous pouvons être certains est que le monde actuel, notre monde, va être balayé. Soit par la crise environnementale, soit par la révolution technologique, soit par les deux. Dans quelle proportion ? C’est tout l’enjeu de la prospective. Autrement dit, départager collapsologues et transhumanistes. C’est ce que s’efforce de faire ce livre.
In medio stat virtu. Affirmer que l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle est inéluctable, voire s’en réjouir, comme le font les collapsologues, est à la fois faux et dangereux. Faux parce que la croissance durable n’est peut-être pas qu’une chimère (voir Transition environnementale). Dangereux parce que l’affirmer exonère de toute réforme écologique. Tout aussi irresponsables sont les délires des transhumanistes qui balayent d’un revers de main les dangers de la crise environnementale au nom de notre future toute-puissance technologique (voir Transhumanisme). Entre les deux s’étend le monde des prévisions modérées.