Suite française: Tempête en juin
Une décennie après le triomphe international de Suite Française, prix Renaudot 2004, l'aventure continue : début 2015, sortira le film que le britannique Saul Dibb ( The Duchess ) a tiré du roman, avec Michelle Williams, Kristin Scott Thomas et Matthias Schoenaerts. Pour saluer l'événement, nous avons décidé de publier une version graphique du chef d'oeuvre d'Irène Némirovsky. Sachant que le film se concentre sur le second volet de la Suite ( Dolce ), nous avons proposé à Emmanuel Moynot de s'intéresser particulièrement au premier ( Tempête en juin ). Sous la plume acérée de cet auteur complet, fort d'une quarantaine d'ouvrages, qui s'est illustré en reprenant le Nestor Burma de Léo Malet et en réalisant un magnifique travail sur Pierre Goldman, cette fresque sur la Débâcle et l'Exode de juin 1940 acquiert sa dimension visuelle. Comme dans un film de Jean Renoir ou de Robert Altman, les personnages, les trajectoires, les destins se croisent et s'emmêlent, traçant le portrait d'une période de pur effroi où il a semblé que la donne sociale, économique, historique se rebattait intégralement. Les figures inoubliables qui peuplent les pages d'Irène Némirovsky prennent visage. On retrouve comme si on les avait toujours connus le banquier Corbin, le couple Michaud, la tribu des Péricand, le malheureux abbé Philippe, la frivole Arlette Corail, le sinistre Coste et sa maîtresse écervelée, tous les autres, les perdants, les affreux, les purs de la défaite française. Et on découvre, en passant, que l'auteur de David Golder - dont on sait la passion pour la narration cinématographique - aurait fait une grande scénariste de BD.