Lux

Auteur : Eleonora Marangoni
Editeur : Denoël

Thomas G. Edwards, « light designer » talentueux et estimé, s’ennuie poliment auprès d’une compagne qui ne parvient pas à lui faire oublier son amour de jeunesse. Son quotidien ronronnant est troublé lorsqu’il hérite de son oncle fantasque un hôtel délabré sur une petite île du sud de l’Italie.
Ne sachant trop que faire de ce patrimoine insolite, Thomas se rend sur place afin de le mettre en vente. À son arrivée, il découvre que l’Hotel Zelda est investi par une clientèle extravagante bien décidée à occuper les lieux.
Texte onirique où se devine l’influence de Fitzgerald et de García Márquez, Lux est une ode à la mélancolie douce et au pouvoir de l’imagination.

Traduction : Lise Caillat
20,00 €
Parution : Novembre 2021
304 pages
ISBN : 978-2-2071-5967-5
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Extrait

Le jour où on lui annonça qu’il avait hérité d’une source d’eau thermale, d’un volcan endormi et d’un hôtel délabré sur une île du sud de l’Europe, Thomas G. Edwards aimait encore éperdument Sophie Selwood.
Ils ne se voyaient plus depuis presque sept ans; entre-temps elle avait laissé pousser ses cheveux jusque sous les épaules et elle les rassemblait tous les jours en une tresse qui pendait légèrement d’un côté. Les cheveux de Sophie étaient légers comme du fil à coudre et onduleux comme des algues, plus foncés à la racine et dorés sur les pointes. Rien d’inoubliable en soi, mais maintenant qu’ils étaient longs, à peine les dénouait-elle qu’une lumière se répandait autour de son visage et, l’espace d’un instant, une vague brise soufflait dans la pièce, comme si quelqu’un avait entrouvert une fenêtre pour humer l’air. Cela, Thomas ne pouvait pas le savoir : il avait connu Sophie avec un rassurant carré châtain et il ne l’avait jamais imaginée coiffée autrement.
C’était un mardi; après une forte averse avait percé un de ces timides soleils de mars qui procurent une bonne humeur candide et font croire que les ennuis peuvent se résoudre simplement en achetant de nouveaux vêtements. Thomas conduisait vers Primrose Hill, après un déjeuner de travail avec un chorégraphe turc qui l’avait chargé de l’éclairage de son prochain ballet, Le Navire abandonné. Un léger embouteillage obligeait les Londoniens à ralentir au niveau du parc, les invitant à s’épier à travers les vitres embuées des autos; activité à laquelle Thomas se consacrait sans grand intérêt quand son téléphone sonna, enclenchant la série d’événements que ces pages se proposent de raconter.

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