Trouble
Anvers, 1940. Wilfried Wils, 22 ans, a l'âme d'un poète et l'uniforme d'un policier. Tandis qu'Anvers résonne sous les bottes de l'occupant, il fréquente aussi bien Lode, farouche résistant et frère de la belle Yvette, que Barbiche Teigneuse, collaborateur de la première heure. Incapable de choisir un camp, il traverse la guerre mû par une seule ambition : survivre. Soixante ans plus tard, il devra en payer le prix.
Récompensé par le plus prestigieux prix littéraire belge, Trouble interroge la frontière entre le bien et le mal et fait surgir un temps passé qui nous renvoie étrangement à notre présent.
La presse en parle
Remontant le fil du temps jusqu’aux années 1940, alors que, dans sa ville d’Anvers sous occupation nazie, il était un jeune policier, tout à la fois collaborant de fait aux persécutions meurtrières menées contre la communauté juive et apportant à l’occasion son aide à son ami Lode, lui farouche résistant. Six décennies plus tard, son long monologue s’offre à entendre comme un intranquille plaidoyer pro domo, mélange d’âcreté, de lucidité, de dégoût de soi et de tous. « Chacun pour soi. Nous pillions à la bouche de l’enfer, nous vivions des temps tragiques et faisions comme si tout était normal », se souvient Wils, sans minimiser sa veulerie et ses lâchetés. Dressant un portrait non moins cinglant de la ville où, dans l’indifférence voire avec l’assentiment de la majorité, se perpétraient les pires crimes. De quelle faillite morale individuelle et collective les événements tragiques de ces années noires sont-ils le résultat ? C’est tout le talent de Jeroen Olyslaegers que de parvenir à incarner, dans le destin et la voix de son personnage, des interrogations éthiques profondes et cruciales. Exhaussant Trouble au rang de fiction moraliste sans complaisance et hautement inconfortable : « Le ressentiment intime de chacun est beaucoup plus fort, beaucoup plus puissant que la grandeur, beaucoup plus tragique aussi. C’est précisément parce que personne n’aime à le reconnaître et que tout le monde joue les hypocrites à ce propos, même lorsque les faits sont sur la table, que le ressentiment est la seule chose capable de ronger à ce point l’âme d’un homme, d’une ville ou d’un pays […]. Le ressentiment ? Personne n’en sera jamais quitte. »
Nathalie Crom, Télérama
Trouble, mais aussi troublant, dérangeant, provocant... Ce récit plonge le lecteur dans l'atmosphère nauséabonde d'Anvers sous l'occupation allemande. Une époque qui révèle, comme toujours, les facettes les moins reluisantes de l'être humain, ballotté entre soumissions, dénonciations, trahisons et couardises, avec, ici, pour cible principale, l'importante communauté juive de la capitale mondiale du diamant.
Marianne Payot, l'Express