Le fantôme de Staline

Auteur : Vladimir Fédorovski
Editeur : Editions du Rocher

Les passions et la fureur de l'histoire marquent les personnages de ce livre. Ils sont souvent inattendus, parfois déroutants, toujours démesurés. Un Staline insolite surgit comme un revenant ne pièce de Shakespeare. Poutine agit tel un James Bond. Les tueurs à gages peaufinent leur talent d'empoisonneur. Les amours sont hors norme, absolus, rappelant l'esprit du célèbre roman de Pasternak, Le Docteur Jivago, dont on fête cette année le cinquantenaire de la parution.

Ce livre annonce le lancement d'une nouvelle collection ayant pour ambition de jeter un «nouveau regard» sur nombre de vérités établies qui ne sont pas conformes à la réalité historique. Ceci concerne particulièrement l'histoire russe, notamment le personnage de Staline. Les archives étant désormais accessibles, il est possible aujourd'hui de dresser un portrait plus précis du tyran rouge. Il offre aussi, à la lumière d'une longue enquête, un nouveau regard sur les faces cachées de Poutine, personnage-clé de la Russie actuelle. Cette évocation est d'autant plus propice que l'actualité est marquée par le quatre-vingt-dixième anniversaire de la révolution bolchevique, sans oublier les élections législatives et présidentielles en Russie.

Ce livre renoue avec les précédents ouvrages d'évasion de Vladimir Fédorovski tels que le Roman de Saint-Pétersbourg car, à la base de documents inédits, l'auteur met en scène la vraie Lara du roman de Pasternak, antithèse lumineuse des personnages terribles du XXe siècle.

Ce livre se situe dans le droit fil du triptyque emblématique de Vladimir Fédorovski : Le Roman de Saint-Pétersbourg, Le Roman du Kremlin, Le Roman de la Russie insolite. Le Fantôme de Staline est son vingtième ouvrage.

20,20 €
Parution : Septembre 2007
281 pages
ISBN : 978-2-2680-6290-7
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Extrait

STALINE OU LE GENIE DU MAL

«Lénine a improvisé l'URSS, Staline l'a maîtrisée.»
De même que l'art de Lénine avait été, en 1917, de bousculer les concepts et les catégories établis en adaptant à la guerre civile et à la révolution les méthodes de la guerre totale européenne en cours depuis 1914, de même le génie de Staline fut de saisir que révolution et restauration, loin de s'opposer, se renforcent l'une l'autre.
Quel fut l'ultime objectif politique de Staline ? Croyait-il à la révolution, à ce rêve d'une régénération du monde ? Non, ce qu'il voulait, c'était le pouvoir absolu sur la «Grande Russie». Et ce qu'il aimait hors de toute mesure, c'était dominer les hommes. Sans doute ne faut-il pas chercher une stricte rationalité dans les actes de Staline, et laisser aussi la part au hasard, à la maladresse, aux cir­constances. Cependant, à l'instar des grands tragédiens, le dictateur connaissait parfaitement les règles de l'unité de temps et de lieu. Et il a joué une gigantesque partie de poker menteur avec l'Histoire, avec ses tricheurs, ses joueurs médiocres, ses artistes inspirés, car, faute de documents sur sa vie privée, sa carrière, sa manière de travailler, une quantité de légendes et de rumeurs ont circulé à son sujet. Les archives étant désormais accessibles, il est possible aujourd'hui de dresser un portrait plus précis du tyran rouge et de lever bon nombre de mystères sur son règne.
Un vieux bolchevique ! le décrivait comme «perfide, fourbe et vindicatif», mais aussi doté d'«une volonté inhabituelle, surhumaine».
Cette volonté, qui le rapprochait de son prédécesseur Lénine, explique-t-elle l'étendue inimaginable des ravages du stalinisme ? Ou la logique même du système, au contraire, permit-elle l'extraordinaire ascension de Staline ? «Une puce, grossie des milliers de fois, deviendrait l'être vivant le plus horrible et le plus dangereux qui soit», écrivit Maxime Gorki dans une évocation de Staline retrouvée après sa mort dans les papiers de l'écrivain.
Paranoïaque pour les uns, anormal selon Churchill, le dictateur rouge voulait - comme tant d'autres - assurer sa place dans l'Histoire. Mais Staline s'imposa surtout grâce à son formidable talent de manipulateur, en reprenant les codes mentaux du pays, selon la grande tradition de la Russie éternelle. Comme le fait aujourd'hui Poutine.

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