Caïn fut le premier

Auteur : Mariano Sabatini
Editeur : Actes Sud

Rome, en pleine canicule. Leo Malinverno – “journaliste par vocation, séducteur par nature et détective malgré lui”– se retrouve confronté à une série de meurtres sordides qui laisse la police perplexe. La signature de l’assassin a de quoi surprendre : il prélève les tatouages de ses victimes. Rapidement surnommé “Le Tatoueur”, il sème la terreur dans la ville éternelle et il est encore loin d’avoir terminé son oeuvre…

Traduit de l’italien par Marguerite Pozzoli
23,00 €
Parution : Mars 2023
336 pages
Collection: Actes noirs
ISBN : 978-2-3301-7739-3
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Extrait

Lorsqu’il la vit sortir, il serra le manche du maillet en caoutchouc qu’il cachait dans la poche de son pantalon Cargo. La fille à la peau noire sortait par la porte cochère. Les écouteurs sur les oreilles, elle rajustait son tee-shirt moulant et le glissait dans son short en jean coupé très court, juste au-dessous de l’aine.
Elle ne l’entraperçut même pas, caché qu’il était dans l’ombre d’un magasin fermé, dans la rue faiblement éclairée. Son petit ami n’avait pas mis longtemps à la baiser : ils étaient entrés là ensemble une demi-heure plus tôt, pas plus.
À onze heures et demie du soir, environ.
Tant pis pour eux. Lui, il aurait su comment passer le temps avec cette bombasse aux lèvres pulpeuses, aux seins pointus et durs.
Il les avait entendus chuchoter et rire en entrant dans l’immeuble, sans se douter qu’un souffle empoisonné frôlait leur nuque.
Ce soir, l’un des deux mourrait.
Il surveillait Simon depuis des semaines. Il était sûr de ne pas se tromper en supposant que personne n’aurait contre-carré son travail. En tout cas, si cela arrivait, celui qui s’y serait hasardé s’en repentirait. Il était prêt à tout.
Arrivé devant la porte cochère, il la vit s’ouvrir : il en sortit un couple de quinquagénaires. Distraits, l’esprit occupé par la perspective de leur soirée galante, ils ne lui prêtèrent aucune attention, mais il pencha quand même la tête pour éviter – on les interrogerait peut-être plus tard – qu’ils se souviennent de son apparence physique, ou d’avoir croisé un individu suspect.
Il était invisible, invisible il voulait rester.
Il savait où aller. Il frappa à la porte et on la lui ouvrit sans poser de question.
— C’est toi, Mila... tu as oublié quelque chose ? Ah, non... Le jeune homme s’avança pour mieux voir l’hôte inattendu, dans la faible lumière du couloir. Oh, pardon, je croyais... mais qu’est-ce que tu fais ici à une heure pareille ?
Il ne vit pas le bras qui se levait et s’abattait sur sa tête, aussi inexorable qu’un engrenage industriel.
La première chose qu’il fit fut de lui retrousser son tee-shirt pour voir le tatouage sur le torse. Il le caressa, presque voluptueusement.
Quand Simon reprit connaissance, ce fut pour peu de temps. Et sans aucune possibilité de salut.

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