Le Chou Blanc
Il est robuste, il est résistant et il a la tête bien sur les épaules. On dit que les garçons naissent dans les choux. Je n'étais qu'un garçon manqué mais le chou blanc n'était jamais très loin de là où je passais à table. Il se mariait aux viandes grasses dans des soupes riches pour me faire passer de longs hivers. Il se laissait couper, râper et hacher fin pour rentrer dans des salades estivales. Et il fermentait dans un tonneau de tilleul, dans l'obscurité d'une vieille remise. Là il devenait soudain vivant, montrait sa force, remontait le poids du couvercle, puait, crachait même et finalement offrait généreusement son jus acidulé et sucré. Partie de Russie, je le retrouvais au détour de tous mes chemins. Il devenait coleslaw en Amérique, pkhali en Géorgie, choucroute en Alsace et garbure en Gascogne. Mais je le reconnaissais toujours, mon gros chou.