Fleurs sanglantes

Auteur : Colleen McCullough
Editeur : Archipoche

1968. Martin Luther King et Robert Kennedy sont assassinés. Des émeutes raciales embrasent les cités. Et la ville de Holloman (Connecticut) connaît l'automne le plus agité de son histoire.
Tout commence avec une jeune femme qui porte plainte après avoir été violée de façon atroce. Du coup, les langues se délient. Et d'autres victimes se font connaître... sans qu'aucune ne puisse fournir d'indice exploitable par la police.
L'enquête du capitaine Carmine Delmonico vire au casse-tête, d'autant qu'on vient de lui imposer une nouvelle recrue, Helen MacIntosh, belle et capricieuse fille de l'influent président de l'université...
À une époque où les moyens d'investigation sont limités, il lui faudra s'armer de patience et de détermination pour empêcher que d'autres femmes dans la fleur de l'âge ne finissent ensanglantées...

7,65 €
Parution : Juillet 2013
Format: Poche
400 pages
ISBN : 978-2-3528-7496-6
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Extrait

Mardi 24 septembre

Didus ineptus laissa échapper un petit rire en remontant Persimmon Street, au coeur de Carew, mais il avait recouvré son sérieux lorsqu'il s'arrêta devant l'immeuble de deux appartements qu'il avait pris pour cible. Il n'était pas tout à fait 17 heures et le soleil brillait encore au-dessus des rues peu animées. D'ici à une demi-heure, les étudiants quitteraient en masse les salles de cours de Science Hill, des grappes de jeunes filles s'échapperaient des écoles de secrétariat, des nuées de coccinelles Volkswagen et des tas de ferraille en tous genres se bousculeraient le long des trottoirs.
Personne ne le vit longer le bâtiment et se glisser à l'intérieur par la porte de derrière, restée ouverte. Il s'arrêta devant l'appartement du rez-de-chaussée et tendit l'oreille. Des pleurs de gamin, la voix épuisée de la mère : rien à craindre de ce côté-là. Il monta silencieusement les marches habillées de caoutchouc et se retrouva sur le minuscule palier de Maggie. Elle avait bien une colocataire, mais Carole suivait un séminaire à Chicago et ne serait pas de retour avant quatre jours.
Il sortit ses outils, ouvrit la porte d'une main experte et se débarrassa avec soulagement du lourd sac à dos qui lui sciait les épaules. Il visita ensuite les lieux afin de s'assurer que rien n'avait bougé. En pénétrant dans l'appartement, elle poserait son attaché-case sur le bureau et se rendrait dans la salle de bains afin de faire pipi. Toutes ses proies refusaient d'utiliser les toilettes publiques.
Le mieux était de se dissimuler derrière la grande bergère du salon. Ce n'était pas le genre de fauteuil que l'on trouvait habituellement dans un meublé; Maggie - ou Carole - l'avait probablement apporté dans ses bagages. Elle devait avoir de la valeur aux yeux de sa propriétaire.
Frémissant d'impatience, Didus ineptus emporta son sac à dos dans la chambre à coucher de Maggie, une pièce aux couleurs vibrantes. L'espace était impeccablement rangé, avec son lit au cordeau digne d'un jeune conscrit, chaque objet aligné sur la coiffeuse, les tiroirs et le placard soigneusement fermés. Une jeune femme très méticuleuse !
Le plateau nu de la commode lui conviendrait à merveille. Il y rangea ses outils en un tournemain, puis il découpa un morceau de gros scotch bleu d'une vingtaine de centimètres, ainsi qu'un mètre de corde épaisse. Sa tâche achevée, il regagna le salon où trônait un grand miroir devant lequel il s'apprêta longuement, puis il prit position derrière la bergère.
Il était 17 h 57 lorsque la clé tinta dans la serrure. Il sut qu'elle avait passé une bonne journée en s'apercevant qu'il n'avait pas entendu son pas dans l'escalier. Un mauvais jour, elle aurait gravi chaque marche pesamment. Elle poussa la porte, déposa sur le bureau l'attaché-case qu'elle tenait de la main gauche, en attendant de s'en resservir le soir même, puis elle se dirigea vers la salle de bains.
Le scotch placé sur l'arrondi arrière de la bergère recouvrit la bouche de la jeune femme avant qu'elle ait pu crier. D'un même mouvement, il lui lia les poignets dans le dos à l'aide de la corde, serrant si fort qu'elle grimaça de douleur. Elle était maintenant inoffensive.

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