Tout du tatou
Bipolaire, Zoran vit d'amours passagères et de désillusions. Jusqu'au jour où il croit toucher le pactole en faisant main basse sur treize kilos de «Vendredi 13», une came nouvelle génération, la Rolls-Royce de la défonce...
Poursuivi par une armada de motards néo-nazis qui veulent récupérer la poudre, coincé entre le marteau de la mafia et l'enclume des flics, Zoran apprendra à ses dépens qu'on ne jongle pas impunément avec la chance. Et que nul ne s'improvise dealer ni porte-flingue.
Extrait
Octobre 2009
Les maniaques, les détraqués, les caractériels et les enjôleurs, les aristos, les assistés, ceux qui se la pètent, les inhibés, les Adonis qui se croient tout permis ou les physiques sans latitudes, Fadimatou se les était tous tapés. Même les mauvais coucheurs, les radins qui pinaillent sur le tarif. Les fds à papa boutonneux qui la traitaient de poufiasse, puis qui tiraient la langue pour qu'elle leur fasse une réduc. Et les blaireaux de protester, ils se découvrent une âme de rebelle, conchient la société qui n'est qu'un tapin où c'est toujours les pauvres cons qui paient.
Quand tu viens de la cité de la Paix, le bidonville de Douala, et que tu as vécu dans la misère, les jérémiades des faces de craie, ça te fait doucement marrer.
France, terre d'accueil, quelle arnaque ! Fadimatou n'avait pas choisi le trottoir par vocation : dès son arrivée à Montreuil, elle avait dû se débrouiller avec ce qu'elle avait sur elle.
Mais contrairement à ses consoeurs, elle n'en était pas encore à se détester. Elle avait du potentiel, la subéquatoriale, les michetons préfèrent les girondes aux anorexiques.
En réalité, les appétences des clients, elle s'en talquait le coccyx. Par orgueil, néanmoins, elle s'entretenait, rien que pour elle, et soliloquant devant son miroir :
- Ma fille, si tu suis pas ton régime, tes fesses en gouttes d'eau se transformeront en culotte de cheval !
Elle était plus indulgente pour ses seins qui se tenaient bien haut, aux aréoles pulpeuses comme des papayes. Son capital, son patrimoine.
Elle avait le charme de ses vingt-cinq ans, mais sur le trottoir, c'est pas la panacée : les mecs exigent qu'on les plaigne et qu'on les dorlote, qu'on les pouponne, les mecs ont une vie de rien mais envie de tout, ils se cautérisent en se délectant des avatars people étalés dans la presse à scandales, puis ils vont voir les putes et ils se vidangent.
Un jour comme les autres, Fadimatou avait racolé un type ordinaire :
- Besoin d'amour, mon mignon ?
- 100 pour toi la Black, si on s'envoie en l'air dans ta bagnole !
Des monomanies de pervers, Fadimatou en avait assouvies des plus crapuleuses. Sa Xantia était stationnée dans une rue parallèle, que la croisière s'amuse. Le gars s'était installé sur le siège passager. Correctement sapé, propre sur lui, mais sa sudation acide empestait l'habitacle. Un nerveux.
Fadimatou avait eu un pressentiment, car-Jacking, il voulait lui piquer sa voiture !