Belle-Ile ne répond pas
Sa dernière volonté : être enterré avec son smartphone. Le lien secret qui unissait James à son portable était trop fort pour tomber dans l'oubli. Le dernier message enregistré désigne son assassin. Les amis de James vont mener l'enquête avant qu'un autre meurtre ne plonge Belle-Île dans le chaos. Qui sera la prochaine victime ? Mathias, Hugo ou Vincent ? Est-ce que Argy, une jeune belliloise à l'esprit tourmenté, sera capable de déjouer le complot qui se trame ? Elle a moins de vingt-quatre heures pour agir et entraîner Mathias de la citadelle à la plage de Donnant.
Extrait
Pendant que Argy et Mathias s’enlaçaient à l’en trée de la Citadelle, en plein bourg, des poissons rouges entamaient une ronde frénétique au fond d’un aquarium. Vincent les suivait des yeux. Il se dit mentalement « dès que l’un d’eux se positionne sous le culot du magnum, je me lève d’un bond. Dès que… » Depuis combien de minutes Vincent était-il là, immobile sur le canapé, face à cette femme avec son rouleau à pâtisserie posé sur les genoux ? Le décor était théâtral, les aquariums, les flûtes à champagne, le feu rougeoyant dans la cheminée, un chapeau melon collé à sa cuisse, une grande malle ouverte qu’il discernait derrière l’épaule d’Éléonore. Il lui faudrait bousculer cette femme pour atteindre le couloir et emprunter l’escalier. Elle lui avait dit qu’Hugo se reposait dans une chambre au premier étage. C’était si improbable, à moins qu’Hugo y ait été contraint. Ce petit bout de femme d’âge mûr avait-il accompli l’exploit de retenir contre son gré son ami ? L’assassinat de son fils lui avait-il fait perdre la raison ? Elle semblait ne pas le voir, plongée dans ses pensées, le regard hagard ; sa tête penchait tantôt à droite, tantôt à gauche. Brusquement, un poisson rouge vint lécher le socle de verre, tentant en vain de pénétrer par le culot dans la bouteille. Hugo se leva d’un bond, accrocha au passage les montants de la malle pour atteindre le vestibule. Il monta quatre à quatre les marches de l’escalier, hurlant :
— Hugo, tu es là ?
Aucune réponse, aucun bruit. Il hésita plusieurs secondes. Alors qu’il poussait violemment la porte de la première chambre, Éléonore le rejoignit puis lui attrapa le bras.