Paris-Orphée
Ce livre, publié simultanément aux États-Unis par les éditions de la New York Review of Books, rassemble des chroniques parisiennes par le poète américain Henri Cole données au New Yorker. Il y mêle autobiographie, journal, essai et poésie en prose à des photographies, composant une sorte de «journal d'un poète américain» à Paris d'un genre nouveau, qu'il quali e lui-même d'«élégiaque».
La magie de ce livre, placé sous l'ombre tutélaire d'Orphée - gure du poète mystique, oraculaire, enchanteur -, c'est qu'il parvient à renouveler la vision que l'on peut avoir de la ville-lumière non parce qu'il chercherait à nous faire découvrir un Paris secret ou méconnu mais au contraire parce qu'il parvient à réenchanter les lieux, les clichés les plus «communs» de la capitale.
Dans la préface à Terre médiane, le premier recueil traduit en français à nos éditions, Claire Malroux parlait de l'«innocence retrouvée» et même de la «candeur» qui se dégage de ces poèmes. Ce sont ces mêmes qualités qui permettent à Henri Cole de nous émouvoir à la lecture de ces croquis parisiens où les souvenirs de lecture (Rilke, Elisabeth Bishop, Dickinson), les évocations d'oeuvres admirées surgissent sans cesse des lieux visités ou des personnes rencontrées (notamment son ami James Lord), donnant lieu à des rêveries, à des méditations où il s'interroge en poète, avec l'acuité sensible qui lui est propre (à la fois pleine de fraîcheur et pénétrante), sur ses liens amicaux et familiaux, sur la nature de la poésie et son rapport à la solitude, à son moi profond et à la liberté.
La presse en parle
Du « tourisme littéraire » ? C’est ce que souhaite éviter Henri Cole (né en 1956) dans ce recueil de chroniques données au New Yorker et sous-titré Carnet d’un poète américain à Paris. Le titre, Paris-Orphée, lie explicitement la cité à la poésie et aux arts. Le charme de ces dix-sept promenades tient à la manière, très naturelle, d’associer des lieux à des références culturelles ou à des souvenirs intimes. Au cimetière du Montparnasse, Cole visite les tombes de Baudelaire, de Susan Sontag, de James Lord, dont il fut l’ami. Au jardin des Plantes, il songe au poème de Rilke La Panthère. Il fréquente la boutique du taxidermiste Deyrolle, où un engoulevent empaillé lui rappelle des poèmes de Sylvia Plath et d’Emily Dickinson. Des fragments d’autobiographie surgissent : la dureté d’un père, militaire américain, la sensibilité d’une mère française, née de parents venus d’Arménie. Mais aussi les éléments d’une poétique – le choix du sonnet, l’admiration pour le peintre Chardin. Et un rituel d’écriture – le long de la Seine aux cris des mouettes. En marchant, en observant… M. Pn
Le Monde