La vieille dame qui ne voulait pas mourir avant de l'avoir refait
Une vieille pasionaria de la guerre d’Espagne veut se venger des proxénètes qui s'en sont pris à sa petite fille. Bientôt, l'ensemble du réseau est à feu et à sang.
Présentation de l'éditeur
Pauline pensait en avoir fini avec le fracas du monde. Elle avait laissé derrière elle ses souvenirs de résistance et de guerre. Mais quand sa petite fille devient la cible d’un réseau de prostitution particulièrement violent, elle ne peut pas en rester là. Les gansters, tueurs, et flics pourris devraient se préparer : il faut se méfier des vieilles dames. Leurs vies ont été plus longues et plus riches, leurs amitiés sont plus solides, leurs esprits mieux aguerris. Et quand la soif de vengeance s’en mêle...
Roman noir qui bouleverse tous les codes et déjoue toutes les attentes, La vieille dame qui ne voulait pas mourir avant de l’avoir refait balade son lecteur à travers la France sur les traces d’une héroïne prête à faire régner le chaos.
Extrait
Deux couverts étaient dressés, mais Charles Zampierri allait commencer à manger seul. Le Lionceau était un restaurant avec boiseries et nappes blanches, fréquenté par la haute, à deux pas de la Madeleine, un quartier voué depuis toujours aux politiciens, à la finance et aux prostitués. Zampierri attendait Stan depuis plus d'une demi-heure et commençait à avoir sacrément faim. Il se dit qu'il allait suivre la suggestion du loufiat en chef, le duo de perles Hanséaniques dans son écrin du Périgord Blanc, un nouveau truc qui venait de faire son apparition sur la carte.
-Dis-moi, Jacques, pourquoi, est-ce écrit à commander directement?
- Parce que c'est très copieux, Monsieur Charles.
- Et hanséaniques?
- Oui?
- C'est quoi?
- C'est ce qui vient de la Hanse, Monsieur. Le maître d'hôtel vit que son explication n'était pas suffisante et poursuivit sur le même ton détaché. La Hanse est une région située sur les pourtours de la mer Baltique... Une mer du nord... l'Allemagne, la Pologne.
- Et l'écrin de Périgord Blanc?... Et puis merde, c'est bon, je prends.
Jacques lui fit un signe d'approbation et s'éloigna sans avoir noter la commande. Il se faisait un devoir d'enregistrer de mémoire les commandes des habitués.
Charles souriait. Cet idiot infatué avait inscrit hanséanique au lieu d'hanséatique sur la carte et se permettait de le prendre de haut. Il jeta un oeil à la salle. Et de tous ces rupins pas un seul n'avait dû remarquer l'erreur. Mais bon, la maison n'avait jamais été douée pour les noms compliqués. Finalement, entre Jacques et ses richards et Tigrotin et ses putains, les choses n'avaient pas tant changées. Charles Zampierri, enfant, avait bien connu, André Tigrotin, l'Auvergnat qui avait ouvert le restaurant, puisque c'est là que sa mère venait se poivrer. A cause de son nom et de son bon sens Auvergnat, Tigrotin avait cherché pendant un bout de temps comment s'appelait le petit du tigre pour en donner le nom à son établissement. Tigron, tigrou, tigronet? Personne ne savait. Les prostituées qu'on appelait alors des grues et qui s'étaient mises à fréquenter le bistrot avant même qu'il ait son nom définitif avaient eu beau questionner leurs clients les plus éduqués, ça n'avançait pas. Tigrotin à bout de patience opta pour le lionceau.
Deux minuscules tartare de saumon et deux noix de Saint-Jacques arrosés d'une sauce à base de foie gras et de truffes blanches perdus dans une assiette rouge corail et or en forme d'étoile de mer.