Back Up
Un sans-abri accidenté s'enferme dans son mutisme. Les membres d'un groupe de rock meurent dans d'étranges circonstances. Se révèlent page à page les ficelles d'une formidable machination.
Présentation de l'éditeur
Berlin, 1967. Les musiciens du groupe de rock Pearl Harbor trouvent la mort coup sur coup. La police conclut à des décès naturels mais un journaliste reprend l’enquête qui s’enlise.
Bruxelles, 2010. Un sans-papier amnésique suite à un accident retrouve petit à petit ses souvenirs : ses premiers amours pour Chuck Berry et Elvis Presley, son adolescence dans l’euphorie des sixties, sa carrière de batteur de génie entre la France, Londres et Berlin et surtout ce jour où il remplace au pied levé le batteur du groupe Pearl Harbor pour l’enregistrement d’un titre qui ne sera jamais commercialisé...
Sur fond de rock and roll et de guerre du Vietnam, ce polar plein de fausses pistes nous révèle pas à pas une formidable machination et nous livre les clés d’un mystère vieux de quarante ans.
Extrait
À la sortie de l’avion, il cligna des yeux, chaussa ses lunettes noires et ôta son blouson de cuir. Lorsqu’il avait quitté Tempelhof, quelques heures plus tôt, Berlin se perdait dans la brume et la température ne dépassait pas cinq degrés.
Au lendemain de l’enregistrement, c’est lui qui avait suggéré aux autres de s’offrir quelques jours de vacances. Avec trois mille marks dans la poche et quinze mois de travail dans les jambes, il estimait que c’était plus que mérité. De plus, la cohabitation et la promiscuité prolongées avaient entraîné son inévitable lot de tensions et de tiraillements.
De sa voix éraillée, il les avait convaincus qu’un peu de recul leur serait bénéfique.
Les autres avaient acquiescé.
Dans l’après-midi, il s’était rendu dans une agence de voyages sur le Kurfürstendamm. La gérante lui avait proposé Majorque, la Grèce ou Istanbul.
Goguenard, il lui avait adressé un clin d’œil et lui avait demandé où il y avait le plus de bonnes putes à baiser.
La femme était restée de marbre et lui avait recommandé les Baléares, destination pour laquelle il restait des places disponibles dans l’avion du samedi.
Le jour venu, il avait empilé quelques affaires dans une valise, glissé sa Fender dans son étui et commandé un taxi pour l’aéroport. Il avait également pris soin d’emporter son Teppaz à piles et quelques 33 tours dont Fresh Cream, l’album du power trio qui tournait en boucle dans la chambre depuis trois mois.
Larry Speed, de son vrai nom Larry Finch, était le fondateur et le leader de Pearl Harbor, le groupe de rock qu’il avait formé trois ans auparavant, alors qu’il vivait encore à Battersea, un quartier de la banlieue sud de Londres.
Enfant illégitime, il n’avait pas connu son père, un insatiable coureur de jupons qui avait disparu du jour au lendemain quelques semaines avant sa naissance. Il avait passé son en-fance et la majeure partie de son adolescence au second étage d’une modeste maison de Queenstown Road, choyé par une mère omniprésente qui l’idolâtrait.