Au nom du Japon

1945. La guerre est finie, sauf pour un soldat japonais
Auteur : Hiro Onoda
Editeur : Manufacture de livre éditions
En deux mots...

Le récit incroyable des 30 années que passa dans la jungle Hiro Onoda, soldat japonais persuadé que la Seconde guerre mondiale n'avait pas pris fin.

Traduction : Sébastien Raizer
20,90 €
Parution : Février 2020
320 pages
ISBN : 978-2-3588-7597-4
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Présentation de l'éditeur

1945. La guerre est terminée, l'armistice est signé.
Mais à ce moment précis, le jeune lieutenant Hiro Onoda, formé aux techniques de guérilla, est au coeur de la jungle sur l'île de Lubang dans les Philippines. Avec trois autres hommes, il s'est retrouvé isolé des troupes à l'issue des combats.
Toute communication avec le reste du monde est coupée, les quatre Japonais sont cachés, prêts à se battre sans savoir que la paix est signée. Au fil des années, les compagnons d'Hiro Onoda disparaitront et il demeurera, seul, guérillero isolé en territoire philippin, incapable d'accepter l'idée inconcevable que les Japonais se soient rendus.
Pendant 29 ans, il survit dans la jungle. Pendant 29 ans il attend les ordres et il garde sa position. Pendant 29 ans, il mène sa guerre, au nom du Japon.
Ce récit incroyable est son histoire pour la première fois traduite en français. Une histoire d'honneur et d'engagement sans limite, de foi en l'âme supérieure d'une nation, une histoire de folie et survie.

Extrait

J’étais caché dans les buissons, attendant que le temps passe. C’était un peu avant midi, le 9 mars 1974. Je me trouvais sur un coteau à environ deux heures de marche de Wakayama Point. J’avais l’intention d’attendre le moment précis de la fin de journée où l’on peut encore tout juste identifier un visage, puis de me rendre rapidement à Wakayama Point, d’une seule traite. La lumière du jour était synonyme de danger, mais s’il faisait trop sombre je ne serais peut-être pas en mesure de m’assurer que la personne que j’allais rencontrer était bien le major Taniguchi. Le crépuscule serait donc idéal pour couvrir ma fuite, si tel devait être le cas. Vers deux heures de l’après-midi, je suis prudemment sorti de ma cachette pour traverser le fleuve en amont du lieu de rendez-vous. Je me suis frayé un chemin à travers une palmeraie qui bordait le cours d’eau, avant d’arriver à un endroit où les habitants de l’île venaient chercher du bois de construction.

Aux abords de la clairière, je me suis arrêté pour observer les alentours. Personne en vue. Je me suis dit que les ouvriers devaient avoir pris un jour de congé, mais pour plus de sécurité je me suis confectionné un camouflage avec des branches et des feuilles mortes avant de m’élancer dans cette zone à découvert. J’ai traversé le fleuve Agcawayan pour atteindre un point situé à environ trois cents mètres de l’endroit du rendez-vous. Il était alors quatre heures de l’après-midi, j’avais donc tout mon temps. J’ai remplacé mon camouflage par des feuilles fraîches. Auparavant, il y avait des rizières autour du lieu de la rencontre, mais désormais c’était une plaine herbeuse avec quelques palmiers ici et là. Des bambous et des buissons poussaient le long du fleuve. Je me suis mis à gravir une petite colline d’où je pourrais à la fois observer le lieu de rendez-vous et surveiller les environs. C’était à cet endroit même que j’avais rencontré Norio Suzuki, deux semaines plus tôt. L’avant-veille, un message de ce dernier me demandant de le voir à nouveau avait été déposé dans la boîte à lettres dont nous étions ensemble convenus. Je devais donc y aller. Je craignais toujours qu’il ne s’agisse d’un piège. Si c’était le cas, l’ennemi pouvait très bien être en train de m’attendre sur la colline. Je me suis déplacé avec la plus grande prudence, mais je n’ai remarqué aucun signe de vie. Au sommet de la colline, au milieu des arbres et des buissons, j’ai observé attentivement le lieu de rendez-vous. Tout près de l’endroit où Suzuki avait tendu sa moustiquaire, j’ai aperçu une tente jaune. Au-dessus flottait un drapeau japonais. Mais pas âme qui vive. Étaient-ils en train de se reposer dans la tente ? Ou bien se cachaient-ils quelque part en attendant que je me montre ? Après trente minutes d’observation minutieuse, au cours desquelles il ne se produisit absolument rien, j’ai descendu la colline et je me suis approché à une centaine de mètres de la tente. Puis je me suis déplacé pour avoir une meilleure vue, sans toutefois apercevoir quiconque. J’en conclus qu’ils devaient être dans la tente et me résolus à attendre le crépuscule. Le soleil commença à se coucher. J’ai inspecté mon fusil et renoué mes lacets. J’étais confiant : j’aurais pu marcher jusqu’à la tente les yeux fermés et je me sentais fort, car je m’étais reposé tout en surveillant le lieu de rendez-vous. J’ai sauté par-dessus une clôture en barbelé et me suis fondu dans l’ombre du tronc d’un palmier. J’ai attendu un instant avant de prendre une inspiration et de regarder à nouveau en direction de la tente. Tout était tranquille. Et l’heure est venue. J’ai saisi mon fusil, bombé le torse et me suis mis à marcher à découvert. Suzuki me tournait le dos, debout entre la tente et un feu qu’ils avaient allumé près de la rive. Lentement, il s’est retourné, et lorsqu’il me vit il se mit à marcher vers moi, les bras grands ouverts.

Informations sur le livre