Les Ballerines vertes

Auteur : Solveig Vialle
Editeur : Léo Scheer
En deux mots...

Ode à l’amour claudélien, Les Ballerines vertes offre une variation moderne du triangle amoureux, où les forces à l’œuvre sont à la fois destin, danse et littérature.

17,00 €
Parution : Janvier 2020
228 pages
ISBN : 978-2-7561-1302-9
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Présentation de l'éditeur

Dans ce roman aux multiples résonances claudéliennes, Rose, mariée trop jeune, s'ennuie, et ressent le besoin de demander à Pierre, son mari, de faire une pause. Elle se donne trois mois pour retrouver cette part d'elle-même qu'elle pense avoir perdue, trois mois qui tiennent en trois pas, ceux de la samba, qu'elle a dansée, adolescente. Elle s'envole pour le Brésil, suivie par Stan, le secrétaire de son mari chargé de la surveiller au cours de ce voyage qui pourrait se révéler dangereux à plus d'un titre. Dès son arrivée à Rio, Rose embrasse le rythme de la ville, et les hommes qui surgissent de la nuit : un professeur sensuel, un devin puissant, un intellectuel mystérieux. Enivrée de danse et de liberté, elle oublie un temps les raisons qui l'ont conduite à s'éloigner de Pierre... mais la mémoire n'accorde-t-elle pas que des sursis ?

Extrait

Des oiseaux noirs s’envolent aux abords de la piste. Avec l’accélération et le bruit de l’engin, mes mains se font comme toujours plus lourdes sur les genoux. Pourtant on est légers soudain : l’avion a quitté le sol. Le nœud dans ma gorge est descendu au creux du ventre, teintant ma détresse d’excitation. « En ma fin est mon commencement », me vient cette phrase de Marie Stuart. Les larmes qui occupaient mes yeux depuis l’entrée dans l’aéroport tarissent à mesure que nous prenons de l’altitude. Paris est beau de tous côtés, alors autant d’en haut. C’est vers Rio que je pars : un océan entre lui et moi.
Une main sur mon épaule troue ma divagation sans objet. Je voudrais, pour demeurer dans ce présent purifié par ma présence dans le ciel de ces dernières semaines pesantes, ne jamais arriver, rester dans cet avion, faire le tour du monde ainsi en suspension. Ne serait-ce possible, par hasard ? Je me réponds toute seule : « Non, le gasoil. » Je tourne mon visage au-dessus de mon épaule gauche : mes doigts, je m’en rends compte en apercevant cet être familier, se sont accrochés comme les serres d’un aigle à ma jupe en soie ; si j’avais eu des ongles ils l’auraient certainement trouée, cette soie fine et jaune où sont tissés des idéogrammes d’un noir d’ellébore.
Je vois le visage de Stan, je vois sa bouche remuer, mais je n’entends pas sa voix et je n’entends pas la mienne non plus qui machinalement demande, le regard retournant au hublot : « Commandez-moi un martini à l’hôtesse, Stan, vous serez gentil. »

Informations sur le livre