La Madone de Notre-Dame

Auteur : Alexis Ragougneau
Editeur : Points

À Notre-Dame de Paris, sous le soleil du 15 août, une jeune femme provocante, tout de blanc vêtue, sème le trouble dans la procession. Le lendemain, elle s'effondre en plein coeur de la cathédrale. Si la police et le parquet semblent pressés de clore une affaire qui entache le prestige de l'Église, le père Kern, suivant son intuition et sa propre piste, est prêt à remonter aux racines du mal.

6,90 €
Parution : Janvier 2016
240 pages
ISBN : 978-2-7578-4914-9
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Extrait

LUNDI

- On a une alerte à la bombe, Gérard. Dans le déambulatoire. Cette fois c'est du sérieux, du lourd.
Une épaule calée contre le cadre de la porte, son gigantesque trousseau de clés pendu au bout du bras, le surveillant observait le sacristain s'affairer, ouvrir une à une les armoires de la sacristie, en sortir des chiffons, des éponges, des produits d'entretien pour l'argenterie, marmonnant à intervalles réguliers quelques jurons de sa propre composition.
- Tu m'écoutes, Gérard ? Tu devrais aller jeter un coup d'oeil, je t'assure. Quinze ans de carrière, jamais vu un truc pareil. Il y a de quoi faire péter la cathédrale tout entière.
Gérard interrompit ses recherches et parut enfin s'intéresser au surveillant. Celui-ci venait de suspendre le trousseau à un simple clou fiché dans le lambris de la sacristie.
- Tout à l'heure, si tu veux, j'irai voir. C'est bien comme ça ? Ça te va ?
- Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui, Gérard ? T'as plus le temps pour les trucs prioritaires ?
- Écoute, tu me les brises, je t'assure. Trente ans que je bosse ici ; chaque année c'est la même chose, tous les 15 août il faut qu'ils me mettent un foutoir pas possible dans la sacristie. Et moi le lendemain je retrouve plus rien. Je passe deux heures à tout ranger. C'est pourtant pas compliqué. Ils viennent, ils mettent leurs chasubles, ils font leur procession et leur messe à côté, ils reviennent, ils enlèvent leurs chasubles et ciao à l'année prochaine... Qu'est-ce qu'ils ont besoin d'aller farfouiller dans les placards ?
- Qu'est-ce que t'as perdu, Gérard, dis-moi ?
- Mes gants. Ma boîte de gants pour l'argenterie. Si je les ai pas, moi je me bousille les mains avec leurs saloperies de produits.
- Tu veux que je t'aide à chercher ? Là je suis peinard, je viens de finir l'ouverture.
- Laisse tomber, voilà, j'ai trouvé. C'est pourtant pas compliqué de remettre les choses à leur place, sacré bon Dieu de bois...
Le surveillant fouilla dans sa poche, introduisit de la monnaie dans la fente du distributeur à café et pressa sur une touche. D'un signe, il salua le sacristain puis, une fois le gobelet fumant en main, amorça son retour vers l'intérieur de la cathédrale. Gérard le rattrapa dans le couloir.
- Alors dis-moi, ta bombe... Elle vaut le détour ?
- Il y a tout ce qu'il faut, je t'assure : le tic-tac, la minuterie et les bâtons de dynamite.
- Bon, j'irai voir tout à l'heure avant la messe de neuf heures. Peut-être qu'elle sera encore là. D est planqué où, tu dis, ton engin explosif ?
- Dans le déambulatoire, devant la chapelle Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Tu verras, impossible de le rater.
La nef commençait lentement à s'emplir de son flot quotidien de touristes. Entre huit et neuf heures du matin, les Asiatiques en constituaient l'essentiel : Notre-Dame en ouverture d'un programme qui les mènerait ensuite, en l'espace d'une seule et même journée, au Louvre, à Montmartre, à la tour Eiffel, à l'Opéra et dans les magasins du boulevard Haussmann

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