Le braconnier du lac perdu

Auteur(s) : Peter May, Dastugue
Editeur : Rouergue

Depuis qu'il a quitté la police, Fin Macleod vit sur son île natale des Hébrides, à l'ouest de l'Écosse. Engagé pour pourchasser les braconniers qui pillent les eaux sauvages des domaines de pêche, il retrouve Whistler, son ami de jeunesse. Le plus brillant des enfants de Lewis. Le plus loyal aussi qui, par deux fois, lui a sauvé la vie. Promis au plus bel avenir, il a pourtant refusé de quitter l'île où il vit aujourd'hui comme un vagabond ; sauvage, asocial, privé de la garde de sa fille unique. Et d'entre tous, il est le plus redoutable des braconniers. Quand Fin se voit contraint de le traquer, Whistler, de nouveau, l'arrache à la mort et le conduit jusqu'à un lac qui abrite depuis dix-sept années l'épave d'un avion. L'appareil, que tous croyaient abîmé en mer, recèle le corps d'un homme, assassiné.
Dans sa quête pour résoudre l'énigme, Fin opère un retour vers le passé qui le confronte aux trois femmes qui ont marqué sa vie : Marsaili qui a hanté toute son existence, Mairead à la voix pure qui a envoûté ses premières années d'homme, Mona dont l'a séparé pour toujours la mort tragique de leur fils.
Opus final de la trilogie de Lewis, Le Braconnier du lac perdu en est aussi le plus apocalyptique. Alors que ressurgissent les démons enfouis et que les insulaires affrontent une nature dévastatrice, l'heure des comptes a sonné et les damnés viennent réclamer leur lot de victimes.

22,00 €
Parution : Septembre 2012
320 pages
ISBN : 978-2-8126-0397-6
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Extrait

Quand Fin ouvrit les yeux, une étrange lumière rose inondait l'intérieur du vénérable refuge en pierre qui les avait abrités de l'orage. Dans l'air immobile, de la fumée s'élevait paresseusement du foyer presque éteint. Whistler n'était plus là.
Fin se dressa sur les coudes et vit que la pierre qui fermait l'entrée avait été roulée sur le côté. Dehors, s'étendait la brume de l'aube, suspendue au-dessus des montagnes. L'orage était terminé. Il avait déversé ses torrents de pluie et laissé dans son sillage un calme insolite.
Avec difficulté, Fin sortit de sous les couvertures et rampa vers le feu jusqu'à ses vêtements qui séchaient, étalés sur la pierre. Ils étaient encore un peu humides, mais suffisamment secs pour qu'il puisse les enfiler. Il se coucha sur le dos et se glissa en gigotant dans son pantalon avant de s'asseoir pour boutonner sa chemise et enfiler son pull. Il remonta ses chaussettes, mit ses chaussures de marche sans prendre la peine de les lacer et se glissa à l'extérieur, vers le flanc de la montagne.
La vue qui l'accueillit était presque surnaturelle. Les montagnes du sud-est de Lewis se dressaient tout autour de lui et allaient se perdre dans l'obscurité des nuages les plus bas. À ses pieds, la vallée semblait plus large que pendant la nuit, à la lueur des éclairs. Semblables à des spectres, les gigantesques éclats rocheux jonchant le fond émergeaient de la brume qui progressait en volutes depuis l'est où le soleil, encore caché, projetait une inquiétante lueur rouge. On se serait cru à l'aube des temps.
Derrière les abris en ruines qu'on appelle des ruches en raison de leur forme, la silhouette de Whistler debout sur une crête dominant la vallée se découpait contre la lumière. Fin, d'un pas mal assuré sur le sol détrempé, le rejoignit avec peine.
Whistler ne sembla pas remarquer sa présence. Il paraissait statufié, figé dans l'espace et le temps. Son visage, dont toute couleur avait disparu, inquiéta Fin. Sa barbe évoquait des touches de peinture noire et argentée déposées sur une toile blanche. Son regard, sombre et impénétrable, se perdait dans l'ombre.
«Qu'est-ce qu'il y a, Whistler ?»
Whistler ne répondit pas. Fin se tourna pourvoir ce qu'il observait. Dans la vallée, la vue qui s'offrait à ses yeux le dérouta. Il comprenait ce qu'il voyait, mais ce qu'il voyait n'avait aucun sens. Il pivota sur lui-même et son regard courut au-delà des ruches, jusqu'au tas de rochers qui les surplombait et à la pente caillouteuse qui escaladait l'épaule de la montagne où il s'était tenu la nuit précédente et d'où il avait vu les éclairs se refléter dans le lac en contrebas.
Ses yeux revinrent vers la vallée. Il n'y avait plus de lac. Juste un grand trou vide. Son contour était clairement visible là où, au fil du temps, l'eau avait lentement rongé la tourbe et la roche. À en juger par la dépression qu'il avait laissée dans le sol, il devait mesurer un kilomètre et demi de long, huit cents mètres de large, et entre quinze et vingt mètres de profondeur. Le lit était couvert d'une bouillie épaisse de vase et de tourbe, constellée de rochers de toutes tailles. À son extrémité est, là où la vallée s'enfonçait dans la brume matinale, une traînée marron, large de dix à quinze mètres, traversait la tourbe, comme une trace laissée par une limace géante.
Fin jeta un coup d'oeil vers Whistler. «Qu'est-il arrivé au loch ?»
Whistler se contenta de hausser les épaules tout en secouant la tête. «Il est parti.
- Mais comment un loch peut-il disparaître comme ça ?» Pendant un long moment, Whistler, comme envoûté, continua à scruter le lac vide. Puis, soudainement, comme si Fin venait juste de parler, il dit : «Il est déjà arrivé quelque chose de semblable, Fin, il y a très longtemps. Ni toi ni moi n'étions nés. C'était dans les années 1950. À Morsgail.
- Je ne comprends pas. De quoi parles-tu ?» Fin était complètement perdu.

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