Les États du désert
Les États du désert publié pour la première fois en 1976 dans la collection « Textes » de Flammarion, a eu le Prix Medicis et a rendu célèbre son jeune auteur de vint-six ans. C’est un roman foisonnant, sur l’amour et la littérature, juvénile et insolent. Jouant avec bonheur de la phrase et de la tonalité proustiennes, c’est aussi un exercice formel enthousiasmant..
« Il fallait qu’il écrive une histoire, car les histoires ont un début et une fin et ce n’est que sur l’immobilité factice de ces repères qu’on peut voir bouger vraiment les choses et les gens. Il fallait qu’il y mette des personnages, importants, moins importants, peu importants car ce n’est qu’en imposant une mesure arbitraire à des personnages inventés qu’on peut donner une idée de la mesure que donne le temps à ceux de la réalité... Il écrirait donc une histoire où les deux personnages les plus importants seraient lui et Hélène et qui raconteraient ce qu’ils avaient vécu pendant les dix derniers mois qui venaient de s’écouler.
Elle commencerait au moment même où ils s’étaient rencontrés, ou plutôt, puisqu’ils ne s’étaient pas vus pour la première fois en même temps, au moment où il l’avait vue pour la première fois, où elle avait été annoncée à lui par son ombre sur la photo, la photo du désert.
Ainsi commencerait le livre, sur l’image même de ce qu’il y serait dit : que notre vie est pareille à celle d’un désert. Le désert où rien jamais ne change, que l’illusion du changement que la lumière et le vent y apportent en y faisant succéder des apparences. Si bien que les états illusoirement successifs du désert sont comme ceux de notre vie où le désir et l’amour nous sont donnés pour vent et pour lumière. »