Crâne chaud
La littérature pas plus que la philosophie ne sont déprofessionnalisées, pas plus que la connaissance sexuelle : si la connaissance sexuelle étaient enfin totalement déprofessionnalisée, Brigitte ne s'acharnerait pas deux heures par jour tous les jours sauf le week-end. Oui mais la littérature peut être lue par tous et non par un, et tous écoutent l'émission et comprennent.
Crâne chaud parle d'amour, non au sens de j'aime les vacances ou j'aime mon chat, mais au sens plus précis de sentiment sexuel.
Comme le genre n'est jamais simple à dire, on pourrait avancer que ce livre est une fantaisie, ou plutôt une fantaisie réaliste, ou encore une fantaisie réaliste critique.
Extrait
Les encouragements, je me les fabrique moi-même. Il n'est pas dit que les miens puissent devenir les vôtres, je veux dire par là que je ne promets rien, mais que je n'empêche personne non plus. Je n'empêche personne d'y mettre le nez, de repérer des ressemblances, des informations sur l'époque ou l'année en cours, des éléments - utiles ou pas. Ce que vous en ferez, c'est votre affaire. Si ça vous amuse, tant mieux. Et si vous y voyez le moyen de sortir d'une impasse ou une explication possible à l'impasse dans laquelle vous vous êtes fourré, tant mieux aussi. Ce qui suit concerne tout le monde - en ce sens, et comme on le verra ultérieurement, je n'ai pas pris de risque. Je ne dis pas que l'ensemble soit pépère : on pourra toujours continuer à me reprocher les sauts du coq à l'âne, les problèmes de ponctuation, les allusions obscures, les paragraphes trop longs et les chapitres trop courts, etc., on pourra toujours tâcher d'excuser tout ça par la poésie, dire que ce n'est pas grave puisque c'est expérimental, ou dire au contraire que c'est du lourd, que ça sent le vécu, la tranche. Je vais résumer mon point de vue simplement : ce n'est pas parce que ce n'est pas pépère qu'on ne peut pas le lire, si tant est que ce ne le soit pas - pépère.
En signalant que ce qui suit concerne tout le monde, je ne viens pas poser qu'il y aurait là quelque chose démocratique d'emblée, littérature pour tous - c'est le genre d'option qui n'est jamais gagnée, pas plus en art qu'en politique, ça se travaille continûment, d'un bout à l'autre, avec des hauts et des bas, des rattrapages, des remords ; il ne faut pas être fainéant. Quand je pense que vous rattraper par le colback avec telle technique ou tel subterfuge équivaut ni plus ni moins à mettre des billes de mon côté (et non du vôtre), ça m'ennuie - remplacez ça par je : je m'ennuie. Pas de connotation morale là-dedans : je bâille, ça n'avance pas, j'aimerais autant être ailleurs. Que faire, quand une activité librement choisie vous emmerde, sinon la quitter ? Un député peut-être peut s'ennuyer - pas moi. Je ne représente pas le peuple, et ceci n'est pas une séance à l'assemblée.