Enfant de perdition
Enfant de perdition est un grand roman d'initiation. Fils d'une mère italienne émigrée et d'un père « fabricant de crânes » (biologiste dans un laboratoire de vivisection), le narrateur y raconte son enfance et son adolescence dans la région lyonnaise, à la fin du 20 ème siècle, sous la forme d'une immense épopée barbare, remplie de bruit et de fureur. Le particulier rejoint l'universel, dans une langue française littéralement redécouverte, « mise en état d'étrangeté à elle-même », selon les mots de l'auteur. Roman d'éducation sociale, érotique, politique qui conduit le narrateur à fréquenter différentes communautés : Gitans, Arabes, Italiens. Les quartiers s'opposent et s'observent. On suit le destin de toute une bande d'enfants perdus qui se haïssent et se fascinent, se livrent à des rites sataniques, à des jeux et des activités prohibés, sous le regard du chef de la police locale, le « directeur de la tranquillité ». L'un d'entre eux part faire la guerre en Bosnie, un autre se convertit à l'islam, le fils d'un ouvrier maghrébin deviendra l'assassin de sa bienfaitrice... La guerre en Bosnie (1992 - 1995) réveille les pires fantômes européens, les génocides, la violence entre les races et les peuples. La mémoire du jeune narrateur est pleine de ces conflits, de viols, de légendes familiales, mais aussi de grands mythes de l'Antiquité, réactualisés et détournés au profit de sa propre narration. Odyssée dans la mémoire singulière d'un enfant, hanté par « le visage barbare » de sa mère, Enfant de Perdition raconte nos destins multiples, convoque des pays lointains, des pays en guerre, et réveille des monstres (Hitler, Hérode), et les Dieux (Christ, Zeus, Vénus) dans une conjuration littéraire du mal et de la violence de l'Histoire mondiale, au basculement d'un siècle à l'autre.
La presse en parle
En butinant plusieurs siècles de littérature, le primo-romancier a su créer une langue étrange en tout point, apatride et œcuménique, et rigoureusement d’aucune époque. Génial paradoxe : son verbe inouï en devient à chacun familier.
Zoé Courtois, Le Monde