La Peau Du Diable

Auteur : Luke Delaney
Editeur : Editions Toucan

Un homme, en apparence bon père de famille, nous raconte par le menu, dans un monologue intérieur, le meurtre qu'il vient de commettre : comment il a repéré puis traqué sa victime, pour la poignarder sauvagement dans son appartement londonien.
L'inspecteur Sean Corrigan est appelé avec son bras droit, Dave Donnelly, sur la scène de crime. Sean, abusé dans son enfance, ressent et comprend la violence des meurtriers, l'ayant lui-même intériorisée. Il a développé une sorte d'intuition très forte qui lui permet de visualiser le déroulement des crimes et de ressentir la proximité animale du tueur.
D'autres meurtres vont être commis, plusieurs personnes suspectées et un vaste jeu du chat et de la souris commence. Mais dans cette affaire, les apparences sont trompeuses, les fausses pistes et les pièges nombreux, et Sean va avoir fort à faire pour dénouer les nombreux fils de cette intrigue.

23,00 €
Parution : Novembre 2012
420 pages
ISBN : 978-2-8224-0182-1
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Extrait

Samedi. J'ai accepté d'accompagner ma femme et les enfants au jardin public. Ils sont là-bas, sur la butte de gazon, juste après le bassin. Ils ont mangé, nourri les canards, et maintenant ils se repaissent de l'idée que nous formons une famille heureuse, ce qui est loin d'être faux de leur point de vue. Je ne vais pas me gâcher la journée à les avoir dans le paysage. Il y a du soleil, je sens que je bronze un peu. Le souvenir de ma dernière visite, encore frais dans ma mémoire, me remplit de satisfaction. Et j'en souris d'aise.
Regardez-moi tous ces gens-là. Heureux et décontractés. Ils ne se doutent pas que je les observe. Que je les ai à l'oeil, tandis que les bambins échappent à leurs mamans, trop occupées à bavarder pour s'en apercevoir. Quand elles se rendent compte que leur petit chéri s'est éloigné, on les entend glapir, ces mères poules, puis lui donner une tape sur la jambe, ce qui déclenche de nouveaux braillements.
Pour l'instant, je suis rassasié. Je me suis bien amusé la semaine dernière et je vais m'en contenter, si bien qu'aujourd'hui personne ne risque rien.
J'ai passé un excellent moment avec la petite tafiole. Je ne me souviens plus de son nom. Voilà qui devrait, à l'heure qu'il est, amener les flics du coin à se mordre la queue. Je me suis arrangé pour que ça ressemble à un crime domestique. Il paraît que les disputes entre individus de son espèce peuvent dégénérer, j'ai trouvé l'idée plaisante.
Ça n'a pas été trop dur de l'éliminer. Ces gens-là vivent dangereusement. Ils représentent des victimes idéales. Si bien que je suis parti à la chasse dans leur groupe, à la recherche de quelqu'un, et que c'est sur lui que je suis tombé.
J'avais déjà décidé de passer la soirée à traquer les clients de l'Utopia, un club de Vauxhall. L'Utopia, tu parles d'un nom ! Ça tient plutôt de l'enfer, oui. J'ai expliqué à ma femme que je partais en voyage d'affaires, j'ai pris des vêtements de rechange et un nécessaire de toilette, ce qu'on emporte habituellement quand on s'absente pour la nuit, et j'ai réservé une chambre d'hôtel dans le quartier, près de Victoria Station. Je pouvais difficilement revenir à la maison au petit matin. Ça aurait éveillé les soupçons. Il n'en était pas question. Il fallait que tout ça ait l'air... normal.
J'ai aussi embarqué une combinaison jetable en papier achetée à Homebase, plusieurs paires de gants chirurgicaux que l'on trouve à peu près partout et des sacs plastiques pour me protéger les pieds. Ce n'est pas très discret, mais c'est efficace. Plus un bonnet de douche et, pour faire bonne mesure, une seringue. Tout cela tenait parfaitement dans un petit sac à dos.
Pour échapper aux caméras qui quadrillent le secteur, j'ai surveillé l'entrée du club, dissimulé dans l'ombre des rues qui s'entrecroisent sous la voie ferrée. Le fracas des trains se répercutait en contrebas, via les arcades, de façon sinistre et intimidante. Mais je restai de marbre.
J'avais déjà aperçu ce soir-là l'objet de mon désir pénétrer dans le club, j'en avais les testicules vrillés d'excitation. Oui, il méritait vraiment que je l'aie distingué, ce n'était d'ailleurs pas la première fois que je le remarquais. Je l'avais observé auparavant, je l'avais regardé depuis des semaines dans le club, je l'avais vu se vendre à qui avait les moyens de se le payer. J'étais entré dans l'établissement à la recherche de la victime idéale, en sachant que la police ne visionnerait que les enregistrements des caméras de surveillance réalisés le soir de sa mort, ou peut-être ceux des huit jours précédents, si elle faisait du zèle, de sorte qu'elle ne me repérerait pas.

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