Babylone Express
Roman d’amour, transgressif et moderne, ce portrait de la jeunesse actuelle, de la Res Publica, est écrit au vitriol.
Présentation de l'éditeur
« Ah. Je pressentais bien qu’on s’embraserait à en perdre la raison, qu’on allait kiffer, triper, au-delà même des limites de l’entendement (...) S’aimer à en mourir. Jouir à s’en déchirer l’âme.»
Sang chaud et verve drue ne sauraient mentir, et cette Malfilâtre-là, Mathilde-Marie, un prénom d'archiduchesse, rend des points à son lyrique ancêtre, Jacques-Louis, douloureux poète des Lumières. Luna, l'héroïne du roman, la neuve, l'unique, le feu à la fente et la joie au coeur , pitbullise sa vie jusqu'au sang, racle l'os et avale tout sans trembler. En témoigne ce Babylone Express qui entre au catalogue du Dilettante avec des entrechats de voiture-bélier et des vocalises de lance-flammes. Quelque part entre Burroughs et Grisélidis Réal. Rita Renoir en plein vaudou. Les choses avaient pourtant dignement commencé : madrée lieutenante de la gendarmerie nationale vouée à l'observation des éco-terroristes, elle affiche 1,73 m d'efficacité galonnée et 59 kg de pugnacité opérationnelle. Un modèle. Mais voilà qu'elle se découvre et un coeur de chevaucheuse de dragons et des appétits d'ogresse. Apocalypse XXL. Le dragon, en l'occurrence, se nomme Marco, dealer aristocratique et maquisard végan. Remisé l'uniforme, posées les épaulettes, s'enclenche alors une phénoménale partie de chaloupée cosmique. La bête à deux dos ricoche aux quatre coins de l'Europe. Des bars à beuh de Marrakech aux boîtes à partouzes de Berlin, des chevaliers du taste-shit aux keupons saumâtres, rien de ce qui fait étincelle ne leur est étranger. Nos tourtereaux dealent, draguent, dansent, se dopent, dévissent et se damnent avec une abyssale fringale de déglingue et un talent instinctif pour les soubresautantes extases lysergiques. Peu importe comment tout cela finit, passé certaines limites parler de ticket n'est plus tenable. Reste un livre ivre, crépitant et suicidaire, une tonique aubade aux vertiges toxiques. À s'injecter cul-sec. Merci jeune fille !
Extrait
Je viens donc d’une famille normande vieille de mille ans. Des mercenaires catalans, recrutés pour la guerre, qui se sont illustrés lors de la bataille d’Hastings. Ils ont ensuite été anoblis par Guillaume le Conquérant, puis reçurent l’évêché de Bayeux. Des mains du roi. Mais nous avons tout perdu pendant la Révolution française. Sauf la tête. Nous sommes nobles, et pauvres.
Ma mamma, elle, est l’héritière d’une grande famille romaine, exilée dans les montagnes du Piémont après s’être rebellée contre le pape. C’était pendant la guerre des Guelfes et Gibelins, soi-disant. Mes grands-parents maternels, émigrés d’Italie en France, ont fait fortune dans le pétrole. Ça veut dire que je suis aussi à l’aise avec les gens de la haute qu’avec les terreux. Je suis habituée à l’apogée puis à la décadence. Aux revers de fortune. C’est écrit dans mon sang.
Papa est boulanger et maman éducatrice spécialisée. Je suis née sur une plage normande. Quelque part sur la Côte d’Opale. J’ai eu une enfance de rêve. Une enfance dorée. Traitée en petite princesse. Puis j’ai vécu les quatre premières années de ma vie au Japon. Banlieue sud d’Osaka. Quartier Hirano-ku. C’était royal. Mon père travaillait là, dans la boulangerie française de luxe. C’était le kif ultime. Il y avait de l’amour et du fric. Une fois majeure, j’ai intégré une grande école parisienne. Maintenant, je porte l’uniforme et je vends de la drogue. Ouais.