Formes de l'impermanence : Le Style de Yasujiro Ozu
Mu jô : rien constant : l'impermanence. Ce sentiment imprègne, au Japon, le mode de vie, la croyance zen, l'esthétique du moment évanescent et celle de l'intervalle. Il caractérise le style du plus japonais des cinéastes : Yasujiro Ozu.
Sans transcendance, ou désir de sortir de la vie ordinaire; au contraire même : compassion douce, calme et délicate à son égard, cette " euphorie de l'extase apathique ", cette connaissance de l'impermanence - du Rien comme l'être du monde, qui désubstantialise tout et transforme toute chose en aspect fugace - engendre le détachement, l'état de béatitude esthétique : la forme.
Attentive à la beauté de ce qui est éphémère, cette connaissance de " ce qui va parce qu'il va ", cette conscience de " la dernière fois ". rencontre, chez Ozu, l'une des possibilités ultimes du cinéma image fugace et sans substance de ce qu'on voit, de l'impermanenct du monde et de la vie ordinaire.