Loin de Sils Maria - La prodigieuse ascension de Johann josty
Loin de Sils Maria, une histoire vraie, raconte la prodigieuse ascension de Johann Josty, petit gardien de chèvres qui finira par créer à Berlin, autour du célèbre café Josty, le premier empire de la pâtisserie.
Nous sommes à la fin du XVIIIe siècle, dans la République des Grisons, pays aux cent lacs et trois cents glaciers, pays somptueux mais où règne une extrême pauvreté. Gian Josty, un gamin de onze ans, y travaille pour un paysan de Sils Maria. Un beau jour, craignant la dureté de son patron, il s'enfuit. Pieds nus, il court, il file, il grimpe, il dévale. Il affronte l'inconnu, la faim, le froid, la soif. Enfin, après avoir parcouru des centaines de kilomètres et s'être ingénié à traverser en fraude quantité de frontières, le jeune fuyard atteint Magdebourg, dans le royaume de Prusse.
Là, auprès de son cousin Jacob, confiseur en vogue qui l'incite à s'appeler désormais Johann, il apprend l'art de filer le sucre, de fouetter la crème, de dorer la pâte. Dragées, sucres d'orge, pastilles, pralines, massepains, meringues, macarons n'ont bientôt plus de secret pour l'apprenti passionné. Ni dimanches ni loisirs pendant cinq ans. Il dort à peine, épargne chaque sou. Puis devient compagnon. Décide enfin d'aller s'établir à Berlin, la capitale de la Prusse, où il ouvre la confiserie Johann Josty & Co, qui fournira bientôt la Cour en gourmandises suprêmes. Tel Napoléon, l'idole de Johann, qui s'est lancé à la conquête de l'Europe, le confiseur avance à grands pas et fonde vers 1820 un véritable empire autour du café J.Josty & Co, alors le plus célèbre d'Europe.
Mais c'est en 1806, à l'occasion d'un incroyable face-à-face avec Napoléon entré à Berlin, que Johann a rencontré Lina. Avec ses grands yeux turquoise, elle lui fait oublier Ladina, l'amour de sa jeunesse. Du moins le croit-il. De retour à Sils Maria, revigoré par ses retrouvailles avec les montagnes de son enfance, Johann, toujours aussi passionné, s'inventera un nouveau destin, participant à la magie de ce village où, depuis le milieu du XIXe siècle, accourent les célébrités du monde entier.
La presse en parle
Maria, dans les Alpes suisses, dès le XIXe siècle, trouver l’inspiration ou l’apaisement. Nietzsche y a forgé le concept d’« éternel retour ». Thomas Mann, Proust, Chagall ou encore Cocteau ont séjourné dans ce village, qui attire aujourd’hui les célébrités. Sans Johann Josty (1773-1826), l’enfant prodige – et prodigue – du pays, devenu le confiseur le plus célèbre de Berlin, ce village pauvre des Grisons n’aurait sans doute jamais connu un tel destin. Une fois fortune faite, Josty s’y est fait construire une demeure majestueuse pour y couler des jours heureux. Michèle Kahn retrace, en romancière autant qu’en biographe, le parcours du confiseur, un individu talentueux et attachant dont on suit avec délices les années d’apprentissage, l’audace entrepreneuriale et les tourments affectifs. Loin de Sils Maria est un livre aussi instructif que divertissant. Documentée et empathique, l’écriture de Michèle Kahn joue avec malice de tous les ressorts du romanesque pour faire découvrir et aimer l’homme aussi bien que la région à laquelle il doit, peut-être, la force de caractère et la profondeur spirituelle nécessaires à sa réussite. Fl. By
Le Monde