Jusqu'à ce que ta mort nous sépare

Auteur : Amanda Reynolds
Editeur : Fayard/Mazarine

Imaginez que vous vous réveillez un matin et que les derniers 365 jours de votre vie ont disparu. Il n'y a qu'une seule personne à qui vous faites confiance. Mais dit-elle la vérité ?
Joanne, femme au foyer de 55 ans, se réveille à l'hôpital blessée à la tête après une mauvaise chute dans l'escalier. Pourquoi ne se souvient-elle de rien, et surtout pas de l'année passée ? Tout lui paraît étrange. Pire : son mari semble à tout prix vouloir lui cacher quelque chose, et ses enfants sont plus distants que jamais. Alors que les cauchemars se multiplient, Jo est en proie à des réminiscences : un inconnu, puis deux, hantent bientôt ses rêves. Au fil de son enquête, elle découvre avec effroi qu'il n'y a rien de plus trompeur que les apparences. Et une question la préoccupe : serait-il possible que Jo ne soit pas la mère et épouse modèle qu'elle pensait être ?

Amanda Reynolds a eu mille vies : professeure, responsable commerciale, mère de famille, entrepreneuse... Puis en 2001 elle lance l'association Cotswold Creative Writing et fait de l'écriture son travail à plein-temps. Jusqu'à ce que ta mort nous sépare est son premier roman.

Traduit de l'anglais par Dominique Haas
20,90 €
Parution : Octobre 2018
416 pages
ISBN : 978-2-8637-4455-0
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Extrait

Le vingt et unième jour après la chute

Je roule sur le côté dans le lit, tourne le dos à mon mari et m’en écarte le plus possible. Mouvement instinctif, que j’effectue lentement, à moitié réveillée, entre le réel et le songe. J’ai un frisson et ferme les yeux plus fort. Dehors, dans la nuit impénétrable, le vent harcèle les grands arbres de l’allée. J’écoute la pluie crépiter sur les tuiles, marteler le toit et les murs de pierre de notre grange aménagée, garde-fou solitaire perché tout en haut de la colline. J’imagine l’eau qui ruisselle sur les vitres immenses, transforme notre jardin en marécage et s’infiltre dans le sol en contrebas.
J’entends la respiration lente, régulière, de mon mari et les bruits familiers de la maison plongée dans l’obscurité. Je resserre la couverture autour de moi et laisse mon subconscient prendre le relais, se détacher du présent. Alors que je m’abandonne au sommeil, des souvenirs remontent à la surface, mais ils sont trompeurs. Décousus, imprévisibles. Plus je cherche, plus ils me fuient, puis une image émerge, me prenant par surprise alors que je l’appelais de mes vœux. J’ai besoin du passé autant que je le redoute.
Il fond sur moi, le bras droit levé, me plaque au mur, brutalement, et m’y maintient de force. Dans ses yeux, je reconnais de la passion, mais de quelle nature, je ne peux le dire. Je m’accroche au souvenir, pose la main sur sa joue, tourne son visage vers moi ; je veux déchiffrer son expression, le regarder en face, l’implorer d’arrêter. Il me repousse, attrape mon poignet, enfonce durement ses doigts dans ma peau livide, comprimant les veines en dessous, son souffle contre mon cou, rapide, brûlant. Pressant, impérieux, il me colle au mur. Je me suis débattue, de cela, je suis sûre ; je l’ai labouré avec mes ongles jusqu’à ce qu’il crie.
J’ouvre les yeux ; les rais du soleil levant réchauffent la chambre, dessinent des motifs au plafond. Je regarde la poitrine de mon mari se soulever et retomber ; le léger bruit de sa respiration me parvient. Il se réveille à son tour, se tourne vers moi et me sourit ; un sourire spontané, innocent, comme si l’année passée n’avait jamais existé.

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