La femme parfaite

Auteur : J. P. Delaney
Editeur : Mazarine
En deux mots...

Méfiez-vous de l’homme qui vous dit que vous êtes « la femme parfaite » … La vie, l’amour, le mensonge parfaits. Le nouveau thriller psychologique de l’auteur de La fille d’avant. « Ma chérie, il faut que je t’explique quelque chose », dit-il en prenant sa main. « Ce n’était pas un rêve. C’était un téléchargement. »

21,90 €
Parution : Octobre 2020
400 pages
ISBN : 978-2-8637-4521-2
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Présentation de l'éditeur

Lorsqu’Abbie se réveille à l’hôpital, elle ne se souvient de rien. L’homme à son chevet prétend qu’il est son mari. Il est un géant de la tech, le fondateur d’une des startups les plus innovantes de la Silicon Valley. Il lui dit qu’elle est une artiste talentueuse, la mère dévouée de leur jeune fils – et la femme parfaite.
Cinq ans plus tôt, elle aurait eu un grave accident. Son retour à la vie serait un miracle de la science, une révolution technologique dans le domaine de l’intelligence artificielle pour laquelle il a sacrifié dix ans de sa vie.
Mais alors qu’Abbie se souvient petit à petit de son mariage, elle commence à remettre en question les motivations de son mari, et sa version des événements. Doit-elle le croire quand il affirme qu’il veut qu’ils restent ensemble pour toujours ? Et que lui est-il vraiment arrivé cinq ans plus tôt ?

Extrait

Tu fais encore ce même rêve, dans lequel Tim et toi êtes à Jaipur pour la fête de Divali. Où que tu regardes, des lanternes, des bougies et des guirlandes électriques sont suspendues aux portes et aux fenêtres. Les cours des maisons sont devenues des étendues de flammes tremblotantes, bordées de sculptures colorées et complexes, en pâte de riz. Des tambours et des cymbales palpitent et grésillent. Cédant au vacarme et à la confusion, tu traverses un marché en suivant le déferlement de la foule. De tous les côtés, des marchands te tendent des plateaux de confiseries. Sur un coup de tête, tu t’arrêtes devant une échoppe où une femme dessine sur la peau de superbes motifs hindous ; l’odeur de bois de santal de ses pinceaux se mêle à la cordite âcre et salée des pétards et aux arômes du kaju katli, un plat à base de noix de cajou grillées. Pendant que la femme orne ton corps, avec dextérité, un groupe de jeunes hommes passe en dansant, les visages teints en bleu, torses nus et musclés, puis ils reviennent sur leurs pas et dansent rien que pour toi, d’un air pénétré. En guise de touche finale, la femme trace un Bindi sur ton front, entre les yeux, en t’expliquant que cette marque te désigne comme une femme mariée, qui possède en elle tout le savoir de l’univers. « Mais je ne suis pas mariée », protestes-tu, avec un léger mouvement de recul, craignant de violer une coutume locale. Mais tu entends le rire de Tim et tu le vois sortir une petite boîte de sa poche. Avant même qu’il mette un genou à terre, au milieu de ce vacarme, de cette pagaille, tu sais que le moment est venu, il va le faire, pour de bon, et ton cœur explose de joie.
« Abbie Cullen, commence-t-il, depuis que tu as fait irruption dans ma vie, je sais que nous sommes faits l’un pour l’autre. »
C’est alors que tu te réveilles.
Tout ton corps te fait souffrir. Surtout tes yeux. La lumière vive transperce ton crâne, la douleur qui irradie dans ton cerveau se connecte à la raideur de ton cou, les courbatures se répandent le long de ta colonne vertébrale.
Autour de toi, des machines bipent et bourdonnent. Un hôpital ? Tu as eu un accident ? Tu tentes de bouger les bras. Tes membres sont ankylosés, tu peux à peine plier le coude. Tu parviens, douloureusement, à palper ton visage.
Des bandages entourent ton cou. Oui, tu as sans doute été victime d’un accident quelconque, mais tu ne te souviens de rien. Ça arrive, te dis-tu. Des gens reprennent connaissance après un accident de la route sans se souvenir du choc, ni même d’être monté en voiture. Le plus important, c’est que tu sois en vie.
Tim se trouvait-il dans la voiture, lui aussi ? Conduisait-il ? Et Danny ?
À l’idée que Danny ou Tim aient pu trouver la mort, tu manques de pousser un cri d’effroi, mais tu en es incapable. Toutefois, un changement survenu dans la machine qui fait bip a alerté une infirmière. Une silhouette féminine enveloppée d’une blouse bleue passe devant toi pour régler quelque chose, mais le simple fait de lever les yeux est trop douloureux.
« Elle est tirée d’affaire, murmure l’infirmière.
— Dieu soit loué », répond la voix de Tim.
Il est vivant, donc. Et il est là, à ton chevet. Le soulagement t’envahit.
Puis son visage apparaît au-dessus de toi. Comme toujours, il porte un jean noir, un T-shirt gris et une casquette de baseball blanche. Mais son visage est émacié, ses rides si creusées que tu crois bien ne l’avoir jamais vu ainsi.
« Abbie… Abbie. »
Ses yeux sont brillants de larmes, ce qui t’inquiète. Tim ne pleure jamais.
« Où suis-je ? »
Ta voix est éraillée.
« Tu es en sécurité.
— J’ai eu un accident ? Danny va bien ?
— Oui, il va bien. Repose-toi. Je t’expliquerai plus tard.
— J’ai subi une opération ?
— Plus tard. Promis. Quand tu auras repris des forces.
— J’ai suffisamment de forces. »
C’est vrai. La douleur reflue déjà, le brouillard se dissipe dans ta tête.
« C’est incroyable », dit Tim, en s’adressant non pas à toi, mais à l’infirmière. « Stupéfiant. C’est elle.
— J’ai rêvé, dis-tu. Du jour où tu m’as demandée en mariage. C’était très net. »
Sûrement l’anesthésiant, songes-tu. Ça rend tout plus intense. Tu songes à cette réplique dans cette pièce de théâtre. C’était comment, déjà ? Les mots se dérobent, mais soudain, dans un effort presque douloureux, un clac, ça te revient.
Je pleurai du désir de rêver encore.
De nouveau, les yeux de Tim s’emplissent de larmes.
« Ne sois pas triste, lui dis-tu. Je suis vivante. C’est le plus important, non ? On est vivants tous les trois.
— Je ne suis pas triste, répond-il en souriant. Je suis heureux. Les gens pleurent aussi quand ils sont heureux. »
Tu le sais bien. Mais, malgré la douleur et les médicaments, tu devines que ce ne sont pas des larmes qui veulent dire « Tout va bien ». As-tu perdu tes jambes dans l’accident ? Tu essaies de remuer les pieds et tu les sens réagir – lentement, avec raideur – sous le drap. Dieu merci.
Tim semble prendre une décision.
« Il faut que je t’explique quelque chose, mon amour, dit-il en te prenant la main. C’est très dur à entendre, mais il faut que tu le saches, maintenant. Ce n’était pas un rêve. Mais un téléchargement. »

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