La convocation
Herta Müller est née en Roumanie. Elle déclare : « Dans le village où j'ai grandi il n'y avait pas de Roumains. Je n'ai appris le roumain qu'à l'école comme une langue étrangère... A Timisoara, la langue de l'écriture coexiste avec le dialecte (souabe) et la langue véhiculaire (roumain). A cela s'ajoutait la langue de bois du régime qui a détourné le langage à son profit. D'où notre vigilance pour éviter les mots ou les concepts violés ou souillés par la politique... Pour écrire notre réalité, nous devions sans cesse chercher un langage innocent. » Cette exigence donne aux textes de Herta Müller une saveur et une atmosphère très particulières, la force des images contrastant avec la sobriété et la concision du propos. La narratrice, ouvrière dans une usine de confection qui travaille pour l'Italie, a été convoquée par la Securitate. Elle est dans le tramway et lutte pour ne pas se laisser entraîner par son angoisse et le sentiment d'humiliation que son interrogateur va s'ingénier à provoquer dès son entrée. Elle porte la blouse de son amie disparue, elle veut résister. Pendant le trajet, elle voit en flash-back les principaux épisodes de sa vie, elle regarde aussi les passagers autour d'elle. Le tramway ne s'arrête pas à la station où elle doit descendre et elle décide de ne pas se rendre à la convocation.