L'hospitalité des voleurs : Suivie de Réponse à Brandon Andrews
Editeur : HB (Editions)
Abou'l-Fadl Ahmad Ibn-al-Housayn Ibn Yahyâ Ibn Sa'îd Ibn Bichr, mieux connu sous le nom de Badî al-Zamane al-Hamadhanî (Dieu soit satisfait de lui et le comble de bienfaits dans son Paradis), a dressé un catalogue très complet des ruses de ceux qui s'approprient indûment le bien d'autrui (Dieu les maudisse, et les tourmente pour l'éternité !) Pour bien faire, il faudrait citer cet inventaire intégralement, tant il est instructif pour les honnêtes gens. Quant à ceux qui consulteraient ce livre pour y trouver matière à pratiquer leurs détestables activités,et à s'y instruire dans l'art du vol et delà cambriole, qu'ils rôtissent en enfer comme des moutons sur la broche, et qu'ils subissent le supplice du pal sur des pieux que l'on aura préalablement frottés avec de l'ail et des piments rouges !
Ibn al-Koutoubî, cité par Truxton Orcutt
Qui écrit ? Truxton Orcutt ? Lui prétend que non, signant sa ( ?) prose sous les noms de Nasruddin, de Ralph Waldo Emerson, de al-Madjlisî citant Rumî et Tawhîdî, de la philosophe belge Joëlle Duval glosant sur Wittgenstein, Bossuet, Descartes, Merleau-Ponty, mais aussi sur les premiers soufis de Bassorah, de Tsi Ying, lui-même porte-parole ou prête-nom de son vieux maître taoïste Souong tseu, de Raymond Marchand, le «Paul Bowles français de Tozeur» qui se suicide lorsqu'on l'accuse de plagiat, de Chauncey ]. Brown, agent de la CIA à Kaboul rédigeant un précieux mémo sur la «bibliothèque de Bin Laden». Plus une foule d'autres auteurs, connus ou non. Alors, qui est Truxton Orcutt ? Faussaire ? plagiaire ? parodiste ? romancier de génie ? Non, juste l'hôte qui nous accueille sur le mode de l'hospitalité des voleurs.
Extrait
Nasruddin le hodja
Le noyau du visible
NASRUDDIN* DÉAMBULAIT sur le marché lorsqu'un homme l'interpella en ces termes : - Nasruddin ! Que fais-tu, infâme ? Je viens à l'instant de te voir dissimuler une datte dans ta bouche ! Comment oses-tu, impie, rompre ainsi le ramadan ? Et en public, en plus !
Toisant son accusateur, le hodja, non sans avoir craché son noyau de datte à ses pieds, lui répliqua alors :
- Comment peux-tu te prétendre un croyant, toi qui ne crois que ce que tu vois et qui idolâtres ta berlue ! Mécréant !