Cadavre dans une maison obscure
Après l'arrivée de soldats sur sa terre irakienne, Mazim Mamoory tente de mettre en ordre le chaos quotidien. Son pays n'est plus reconnaissable et son existence chamboulée. Les liens familiaux volent en éclat, sa femme lui murmure : « tu es un homme de couleur et un jour je te laverai ». Son rapport au monde est redéfini : « ma présence en Irak signifie que je suis en conflit avec les autres ». À la recherche d'une nouvelle existence dont il essaie de comprendre les règles, l'auteur est happé par cette ville devenue un cimetière à ciel ouvert. Sa seule échappatoire est la poésie, qu'il entretient en suspendant le temps, entouré de ses amis. Ces moments de flottement ouvrent la voie de la résistance, de ce refus de laisser disparaître la force de vie.
La presse en parle
« Ma présence en Irak signifie que je suis en conflit avec les autres. » C’est sur le site Tapin2.org qu’on avait découvert il y a quelques années Mazin Mamoory, au sein d’un collectif de poètes irakiens filmant leurs lectures dans des ambulances, des maisons détruites, voire dans une « cage Daech ». Cette première traduction en français confirme l’ironie d’un univers où le « bleu éclatant du ciel » se mélange avec « les morceaux d’os que j’ai oubliés dans le réservoir d’eau sur le toit » (c’est un tueur à gages qui parle). Pour sortir de l’horreur et de l’injonction à vivre en guerre, outre le rire, il y a aussi la merveille et l’oubli : « Voulant récupérer les dix kilos de son enfant suspendu au/ sommet du pylône électrique, la mère court à perdre haleine./ Tout ce qui lui importe c’est de se diriger vers le haut/ Avec les plumes d’oiseau éparpillées dans l’air, elle pourrait/ broder une nouvelle robe de la taille du nuage. » E. L.
Le Monde