Défriche coupe brûle
Trois générations de femmes, une guérilla populaire, des forêts reculées. Elle a survécu à la guerre, abandonné les armes, mais conservé le vertige, maintenant que sa lutte est de protéger ses filles dans une après-guerre où la paix, la justice et la dignité sont plus que relatives.
Pas de noms propres, on est la mère ou la fille, de la première à la cinquième, ou la mère de la mère, ou la tante, ou celle qui… À travers ces femmes sans nom, avec une écriture brute, précise et élégante, c’est le point de vue de celles qu’on entend rarement, femmes du peuple qui se sont retrouvées propulsées dans l’Histoire et doivent ensuite retrouver la vie « normale » : le patriarcat, le harcèlement, le ménage. Des destins précis, une portée universelle.
Si le monde était bien fait, c’est à ce premier roman puissant que ressemblerait le meilleur de la littérature féminine : l’histoire des femmes, depuis toujours gardiennes et garantes de la famille, de la transmission, depuis toujours flouées et reléguées dans l’obscurité de leurs cuisines, même quand elles ont pris part aux durs combats des hommes.
Défricher, couper, brûler : une manière de survivre quand tout est à reconstruire.
Claudia Hernández est née au Salvador en 1975. Elle a écrit six recueils de nouvelles qui ont remporté, entre autres, le prix Juan Rulfo-RFI et le prix Anna Seghers. Défriche coupe brûle est son premier roman.
La presse en parle
Les femmes de Claudia Hernández existent en tant que lignée. Dense mais aussi rempli de silences, de secrets qui ne seront que partiellement révélés, le récit à la troisième personne - elle aussi anonyme - passe sans cesse de l’une à l’autre. Sans transitions ou presque, il dessine les contours multiples des forces vitales d’un pays d’Amérique centrale dont les ressemblances avec le Salvador ne sont sans doute pas fortuites. […] Chez Claudia Hernández, la conquête d’une liberté, d’un chemin à soi dans les décombres laissés par la guerre, se fait dans un réseau complexe de solidarités et d’héritages qui, si l’on n’y prend garde, peuvent se révéler prisons. L’urgence, l’intranquillité ressentie par toutes se transmet au lecteur, qui peut choisir de démêler les fils de toutes leurs trajectoires ou de les regarder ensemble, comme un rappel des liens qui nous unissent tous et qui n’attendent que de prendre des formes nouvelles, adaptées à l’époque.
Anaïs Héluin, Politis