La marge d'erreur
« Savoir finir en beauté ? C’est tout un art. » Entre désinvolture et grâce déchue, débandade et érotisme débridé, autofiction et fantaisie romanesque, La Marge d’erreur fait le portrait hilarant d’un dépressif chronique plein de rage de vivre, pour les dernières semaines qu’il lui reste.
Présentation de l'éditeur
Gabriel Salin, double de Nicolas Rey, apprend à 47 ans qu'il n'a plus que quelques mois à vivre.
Errant comme un fantôme dans un terrain vague depuis que son dernier amour l'a quitté, aveuglé par la dépression, assommé par la télé, il ne trouve plus de sens à son existence, n'a plus aucun désir. Lorsque sa toux persistante se change en arrêt de mort, les dés sont jetés : cancer du poumon.
Que faire de ce compte à rebours ? Affronter la réalité ou s'asseoir dessus ? Revoir une dernière fois toutes celles qu'il a aimées ou s'arranger pour tomber amoureux une dernière fois ?
Entre désinvolture et grâce déchue, autofiction et fantaisie romanesque, La Marge d'erreur fait le portrait hilarant d'un dépressif chronique plein de rage de vivre qui ravira les lecteurs de Nicolas Rey et convaincra tous les autres.
Extrait
Tout commence presque par la fin. Vingt-huit jours plus tôt pour être bien précis. À l’hôpital Cochin. Le scanner thoracique fait un bruit sourd et métallique. Je ne le redoute pas. Ni lui, ni son verdict. Je suis déjà passé de l’autre côté. Sept jours plus tard, on m’annonce l’existence d’une lésion: s’impose un bilan général. La semaine d’après, je suis hospitalisé pour une fibroscopie bronchitique. On prélève ma lésion et on établit mon bilan.
Le vingt-huitième jour, donc, je me retrouve assis dans un bureau clair et bien rangé, face à un jeune pneumologue qui tripote son iPhone. J’ai beau réussir à distinguer un minuscule morceau de ciel bleu à travers un petit carreau de fenêtre, il m’est impossible d’échapper au monologue suivant:
«Bon, les nouvelles ne sont pas bonnes monsieur Salin. Pas bonnes du tout. Vous étiez venu au départ pour une consultation de routine au sujet d’une toux persistante et il va falloir vous armer de courage. Tout est confirmé. Le cancer aux poumons à petites cellules dont vous êtes atteint est foudroyant. C’est six mois de survie en moyenne.
— Six mois ?
— Pas vraiment hélas. Le scanner du cerveau montre qu’il y a déjà des métastases. Même avec de la chimiothérapie, c’est en moyenne trois mois de survie.
— Et sans chimiothérapie ?
— Même résultat. Avec un certain confort de vie en plus.
— Trois mois vous dites ?
— C’est une moyenne. Il est possible de soulager la souffrance et d’apporter du réconfort dans les tout derniers jours avec d’innombrables produits morphiniques. En revanche, à ce stade, aucun traitement ne peut retarder l’échéance. Vous êtes croyant ?
— Oh que non.
— Vous avez une femme ?
— Oui docteur. J’avais une femme. J’avais. »
Je me suis retrouvé faubourg Saint-Jacques à rester debout, les pieds vissés au trottoir. Puis j’ai décidé de marcher machinalement jusqu’au jardin du Luxembourg. Je me suis assis sur une marche et j’ai enchaîné les cigarettes. À quelques mètres de moi, j’ai observé un trio d’adolescents comme on regarde un documentaire animalier. Une fille et deux garçons. Le premier avait un skate, les cheveux longs, un jean troué, il devait être populaire dans son lycée et fort suivi sur les réseaux sociaux. Le second avait des petites lunettes rondes, les cheveux bouclés et un livre dans la poche arrière de son pantalon. J’ai prié dans l’espoir que, pour une fois, tout ne se passe pas comme prévu, mais la jeune fille est tout de même partie avec le premier des deux garçons. Ce ne serait pas si mal s’il y avait un jour dans le monde une application pour distinguer les bons des méchants.