Treize jours

Une enquête d'Einarsdottir
Auteur : Arni Thorarinsson
Editeur : Points

Treize jours : c'est le temps dont dispose le journaliste Einar pour prendre les décisions les plus importantes de sa vie. Rejoindre sa petite amie recherchée par la police, accepter la direction du journal dans lequel il travaille depuis toujours et surtout... retrouver le tueur de cette lycéenne dont le corps a été profané. Avec l'aide de sa fille, Gunnsa, il s'enfonce dans les bas-fonds de l'Islande où drogue, alcool, violence et prostitution menacent la jeunesse islandaise.

Traduction : Eric Boury
7,50 €
Parution : Novembre 2019
Format: Poche
336 pages
ISBN : 978-2-7578-7733-3
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Extrait

– Gunnsa.
– Nom, prénom, s’il te plaît.
– Gudrun Einarsdottir. Enfin, Jonas, tu le sais bien.
Pourquoi me poser une question dont tu as la réponse ? – Je te rappelle que ceci n’est pas une simple conversation, mais une déposition.
– Vous me suspectez? Tu crois que j’ai commis un crime? Je dois prendre un avocat? Ou appeler ma mère ?
– Tu n’as pas souhaité être assistée. Quant à ta mère, elle a refusé que la Protection des mineurs soit présente.
– Bravo, maman !
– Et tu n’es pas inculpée! Ne t’amuse pas à faire la maligne comme ton père.
– Et toi, ne t’avise pas de le salir.
– Je ne le salis pas, je ne me le permettrais pas étant donné la situation.
– La situation? Tu lui en veux encore de t’avoir piqué ta copine à la fac de droit? Ça fait pourtant un bout de temps.
– Non, mais franchement...
– Je suis parfaitement au courant de la manière dont ça se passe entre vous. Il m’a parlé de ton sale caractère.
– Eh bien...
– Il m’a expliqué qu’au fond tu n’étais pas si méchant. Tu travailles à la Criminelle, il est journaliste, et vos intérêts divergent. Enfin, il n’empêche qu’il te trouve bien souvent méfiant et arrogant.
– Venant de lui!
– Enfin, bref. Quand j’étais petite, mon père me lisait souvent des contes populaires islandais comme mon grand-père l’avait fait pour lui quand il était enfant. Il y en avait un que je trouvais super drôle. Il racontait l’histoire de deux femmes qui se disputaient pour savoir laquelle avait le mari le plus idiot. Elles décidèrent de tenter une expérience. La première persuada son époux qu’elle avait tissé une étoffe si légère qu’elle était invisible. Elle fit semblant de l’habiller avec le vêtement qu’elle prétendait lui avoir fabriqué. Le mari était ravi de la légèreté du tissu et de la beauté de son vêtement alors qu’en réalité il était nu.
– Bon, Gunnsa...
– Je préfère que tu m’appelles Gudrun Einarsdottir. L’autre femme persuada son époux qu’il était gravement malade et devait garder le lit. Un peu plus tard, elle vint lui annoncer qu’il fallait le mettre en bière puisqu’il était mort tôt le matin. Le mari ne protesta pas et resta parfaitement immobile pendant qu’on fabriquait son cercueil. L’épouse pria l’autre couple d’assister à l’inhumation. Elle avait demandé au menuisier de ménager une fenêtre dans la paroi du cercueil afin que le défunt puisse assister à son propre enterrement. L’homme nu comme un ver arriva avec sa femme, pensant que tout le monde allait admirer ses beaux vêtements. Les porteurs éclatèrent de rire en le voyant. Une voix se fit entendre dans le cercueil : «Je rirais si je n’étais pas mort.»
– Mouais. Et si on revenait à nos moutons?

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